Le 4 décembre 2025, la Commission européenne a ouvert une enquête formelle visant Meta, propriétaire de WhatsApp, pour une possible infraction aux règles de la concurrence liée aux fonctions d'intelligence artificielle (IA) de l'application de messagerie.
Objet de l'enquête
La Commission européenne examine une nouvelle politique annoncée par Meta qui pourrait empêcher des fournisseurs tiers d'IA de proposer leurs services via WhatsApp. Si ces allégations étaient confirmées, elles pourraient constituer un abus de position dominante au regard des règles de concurrence de l'Union européenne.
Fonctionnement des services et allégations
WhatsApp permet aux entreprises de communiquer avec leurs clients via des interfaces destinées aux comptes professionnels. Certaines entreprises utilisent des services d'IA développés par des fournisseurs indépendants sous la forme de robots conversationnels (chatbots) qui automatisent des réponses aux questions des consommateurs. La Commission craint que les règles annoncées par Meta restreignent l'accès de ces fournisseurs tiers au bénéfice du service interne de Meta, appelé Meta AI.
Réponse de Meta et de WhatsApp
Un porte-parole de WhatsApp a rejeté les allégations de la Commission. Selon ce porte-parole, la multiplication des chatbots utilisant l'API professionnelle de WhatsApp sollicite fortement les systèmes, qui n'auraient pas été conçus pour supporter une telle charge, ce qui motiverait les changements annoncés. Il a ajouté que le marché de l'IA est concurrentiel et que les utilisateurs peuvent accéder aux services par divers canaux, notamment les boutiques d'applications, les moteurs de recherche et les systèmes d'exploitation.
Cadre réglementaire et antécédents
L'enquête intervient dans le contexte de l'application récente de nouveaux textes de l'Union européenne encadrant le secteur numérique, parmi lesquels figurent le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA). Meta a déjà été sanctionné par des autorités européennes dans des dossiers distincts. En avril, le groupe a reçu une amende de 200 millions d'euros pour une infraction liée au DMA concernant l'utilisation des données personnelles à des fins publicitaires ; Meta a fait appel de cette décision. En novembre 2024, l'Union européenne avait infligé une sanction de 798 millions d'euros à Meta pour abus de position dominante dans les petites annonces en ligne, en liant Facebook Marketplace au service Facebook.
Par ailleurs, depuis juillet, l'autorité de la concurrence italienne (AGCM) mène une enquête sur le déploiement d'un assistant d'IA par Meta dans WhatsApp, estimant qu'il pourrait porter atteinte à la concurrence. La Commission européenne a indiqué qu'elle conduirait son investigation sans empiéter sur celle de l'AGCM.
Éléments internationaux et réactions politiques
Fin novembre, le secrétaire américain au Commerce a appelé l'Union européenne à réexaminer certaines de ses régulations numériques en vigueur et a proposé des mesures commerciales en contrepartie. Des responsables européens ont rejeté cette demande et rappelé que les règles de l'UE s'appliquent à toutes les entreprises actives sur le marché européen, quelle que soit leur nationalité.
Procédure en cours
La Commission européenne mène désormais des examens et enquêtes formelles pour déterminer si la politique de Meta porte atteinte à la concurrence sur le marché européen. Aucune décision finale n'a été annoncée au terme de l'ouverture de cette enquête.








