Contexte et montée des tensions
Les relations entre plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) soutenues par des acteurs étrangers et les autorités israéliennes sont marquées par des frictions de longue date. Ces tensions se sont accentuées après l’attaque du Hamas en octobre 2023 et le conflit qui a suivi, conduisant à un durcissement des règles encadrant l’action des ONG intervenant auprès des populations palestiniennes, notamment dans la bande de Gaza.
Nouvelles règles d’enregistrement et fondements juridiques
Depuis fin 2023, Israël a introduit des dispositions visant à encadrer l’enregistrement et l’activité des ONG étrangères. Selon ces textes, une demande d’enregistrement peut être refusée si une organisation est soupçonnée de « promouvoir des campagnes de délégitimation » d’Israël ou de nier le caractère démocratique du pays. Le ministère israélien de la Diaspora précise que les ONG sans lien avec des activités hostiles ou violentes, et sans connexion avec le mouvement de boycott, obtiennent l’autorisation d’opérer.
Par ailleurs, un décret impose la transmission d’informations sensibles sur le personnel palestinien des ONG. À défaut, les organisations s’exposent à une interdiction d’activité à compter de septembre, ce qui affecterait potentiellement leurs opérations à Jérusalem-Est, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.
Acheminement de l’aide : demandes rejetées et stocks bloqués
Dans une lettre cosignée par plus de cent ONG, dont Oxfam et Médecins Sans Frontières (MSF), les signataires dénoncent un recours accru à la législation israélienne pour refuser des demandes d’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. Selon ce document, au moins 60 demandes ont été rejetées en juillet. Plusieurs organisations, parmi lesquelles Anera, Care et Oxfam, indiquent ne pas pouvoir livrer des cargaisons évaluées à plusieurs millions de dollars, certaines marchandises restant bloquées à proximité du territoire. Des stocks importants de produits essentiels, comme environ 744 tonnes de riz, seraient en attente d’autorisation d’entrée.
Position des autorités israéliennes et chiffres de l’aide
Le COGAT, organisme israélien chargé des affaires civiles dans les territoires palestiniens, conteste ces accusations. Il affirme qu’Israël facilite l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza et met en avant des risques de détournement par le Hamas, y compris, selon lui, via des structures liées à des organisations internationales, intentionnellement ou non. Les autorités israéliennes indiquent qu’un jour donné, 380 camions d’aide sont entrés dans Gaza par différents points d’accès. Des responsables d’ONG palestiniennes avancent toutefois des chiffres inférieurs, évoquant généralement 70 à 90 camions par jour.
Effets sur le terrain et risques pour les personnels
Les ONG rapportent que les nouvelles exigences d’enregistrement et de partage d’informations ont des effets directs sur la distribution de l’aide, entravant l’accès aux vivres, aux médicaments et aux biens de première nécessité pour des habitants de Gaza. Elles font état de risques accrus pour leurs équipes, dans un contexte d’insécurité. L’ONU indique que, depuis le 27 mai, plus de 1 370 Palestiniens auraient été tués, principalement par des tirs israéliens lors d’incidents survenus pendant des distributions d’aide.
Plusieurs ONG internationales, ainsi que des agences onusiennes, déclarent ne pas coopérer avec la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis, estimant qu’elle privilégierait des considérations militaires israéliennes. Ces critiques sont contestées par les autorités israéliennes.
Situation sécuritaire récente à Gaza
Des bombardements rapportés dans des quartiers comme Zeitoun compliquent l’accès des populations à l’aide et augmentent le nombre de victimes civiles, selon des sources locales. Des responsables sur place signalent que certains habitants ne peuvent quitter leur quartier en raison de tirs, ce qui entrave l’acheminement et la distribution de l’aide destinée à couvrir des besoins urgents.
Enjeux et perspectives
La situation met en évidence un double impératif : concilier des exigences sécuritaires invoquées par Israël et garantir un accès rapide, sûr et équitable à l’aide humanitaire. Les ONG appellent à une clarification des procédures, à une réduction des refus d’acheminement et à la protection des équipes sur le terrain, tandis que les autorités insistent sur des mécanismes de contrôle visant à prévenir tout détournement de l’aide.