Contexte
La démission du Premier ministre Sébastien Lecornu et les consultations politiques engagées en France ont relancé, le 7 octobre 2025, des appels à la tenue d'une élection présidentielle anticipée. Le chef du parti Horizons, Édouard Philippe, a proposé publiquement qu'Emmanuel Macron nomme un Premier ministre chargé de conduire les affaires courantes et de faire adopter le budget, puis qu'il annonce l'organisation d'une présidentielle anticipée après le vote de ce budget.
Cadre constitutionnel
L'article 7 de la Constitution fixe les règles applicables en cas de vacance de la présidence de la République. En cas de démission du président, le président du Sénat assure l'intérim immédiatement. Les élections présidentielles doivent se tenir dans un délai compris entre vingt et trente‑cinq jours après la constatation de la vacance.
Le candidat élu lors d'une présidentielle anticipée commence un nouveau mandat présidentiel complet. Par ailleurs, les modalités de présentation des candidatures et de déroulement de la campagne restent, en principe, celles prévues pour une élection ordinaire (parrainages requis, calendrier des dépôts de candidatures, etc.).
Modalités de déclenchement
Trois situations constitutionnelles peuvent entraîner une présidentielle anticipée : la démission du président, la destitution et l'empêchement définitif.
Démission : la démission volontaire du président entraîne immédiatement l'intérim assuré par le président du Sénat et l'organisation d'un scrutin dans le délai constitutionnel.
Destitution : la mise en œuvre d'une procédure de destitution repose sur des conditions formelles. Une motion doit être déposée et signée par un nombre minimal de parlementaires. La mise en accusation doit ensuite être approuvée par une majorité qualifiée des parlementaires selon les règles constitutionnelles en vigueur. Des observateurs ont noté des contraintes politiques et arithmétiques rendant une destitution difficile à conduire dans le contexte politique décrit.
Empêchement définitif : le décès ou l'empêchement du président conduit également à la vacance de la fonction et au déclenchement des dispositions constitutionnelles prévoyant l'intérim et l'élection.
Calendrier, contraintes pratiques et options politiques
En cas de vacance entraînant une présidentielle anticipée, le délai de vingt à trente-cinq jours impose une campagne brève. Les candidats doivent, dans ce laps de temps réduit, réunir les parrainages nécessaires et organiser une campagne nationale en respectant les échéances réglementaires (par exemple, l'exigence des 500 parrainages pour valider la candidature). Ces contraintes peuvent limiter la visibilité des candidatures et accélérer les stratégies de coalition.
Plusieurs options politiques ont été évoquées pour gérer la crise avant d'aller vers une présidentielle anticipée :
Annoncer une démission différée ou programmée permettant à des acteurs politiques de préparer la campagne. La Constitution n'autorise pas une démission ayant effet différé : seule l'officialisation de la vacance déclenche les délais prescrits.
Nommer un Premier ministre chargé d'assurer les affaires courantes et de faire adopter le budget avant un départ du président, ce qui a été proposé par des responsables politiques comme un moyen d'assurer la continuité institutionnelle.
Dissolution de l'Assemblée nationale : cette option constitue une réponse alternative cherchant à renouveler la représentation parlementaire. Elle n'entraîne pas automatiquement une présidentielle anticipée et comporte des risques politiques, notamment la possibilité de l'absence de majorité parlementaire.
Effets institutionnels et considérations politiques
Une présidentielle anticipée modifie le calendrier institutionnel en ouvrant un nouveau mandat présidentiel. Des acteurs politiques ont présenté des positions divergentes : certains demandent des élections anticipées comme moyen d'organiser un départ ordonné du chef de l'État, d'autres privilégient des solutions alternatives (dissolution, maintien en fonction) ou l'usage des procédures parlementaires (motion de destitution dans les cas prévus par la Constitution).
Les contraintes légales et pratiques (délai réduit, parrainages, nécessité d'un intérim) ainsi que les considérations politiques (arbitrage des partis, composition des bureaux parlementaires) déterminent la faisabilité et les conséquences concrètes d'une présidentielle anticipée. Selon le scénario retenu, la décision d'organiser une élection anticipée peut avoir des effets durables sur la pratique politique et la gestion de la crise institutionnelle.