Présentation
Cet article présente, par des exemples locaux, des éléments de patrimoine matériel et immatériel situés en Sardaigne et en France. Chaque rubrique expose des faits, des acteurs et des évolutions historiques ou contemporaines liés à ce patrimoine.
Fonni (Sardaigne)
Fonni est une commune de la Barbagia, dans le massif montagneux central de la Sardaigne. Le milieu y est peu dense et marqué par des pratiques sociales communautaires et une forte connaissance mutuelle entre habitants. En réponse à des plaintes concernant le manque de mobiliers urbains, la maire Daniela Falconi a fait installer des bancs publics supplémentaires, illustrant une intervention municipale de proximité sur le patrimoine d’usage.
Fresnay‑sur‑Sarthe : histoire et conservation des cloches
Une étude conduite par Quentin Boisnay, campanographe et étudiant en master, avec la participation de Lauréna Salion, chargée de patrimoine, a porté sur l’histoire et la conservation des cloches de l’église Notre‑Dame de Fresnay‑sur‑Sarthe. Le travail a été présenté lors des Journées du patrimoine et publié sous forme d’un livret disponible en mairie.
Le clocher compte quatre cloches :
- Cloche n°1, Augustine Elisabeth, refondue en 1854 aux ateliers d’Ernest Bollée (Le Mans), diamètre 127 cm, poids 1 121 kg.
- Cloche n°2, Thérèse de l’Enfant Jésus, refondue en 1965, diamètre 112 cm, poids 900 kg, attribuée au fondeur Alfred Paccard (Annecy).
- Cloche n°3, Renée Juliette Adrienne, fondue en 1877 par Ernest Bollée, diamètre 97,6 cm, poids 553,5 kg.
- Cloche n°4, fondue en 1852 par Ernest Bollée, diamètre 77,5 cm, poids 246,5 kg; elle servait au signal horaire et est placée dans la flèche.
Le livret traite également de l’histoire de la famille Bollée, du mécanisme de l’horloge ecclésiastique et de la cloche de l’Hospice de Fresnay.
Cherbourg : généralisation des récipients pour déchets
Au début du XXe siècle, le conseil municipal de Cherbourg a débattu de la généralisation de récipients pour les déchets ménagers. En 1901, sous la mandature du maire Charles Renault, un rapport recommandait une capacité maximale de 50 litres pour les poubelles individuelles. La municipalité a rendu la présence d’un récipient pour ordures obligatoire.
La mise en œuvre a toutefois posé des difficultés pratiques et sociales : accès des véhicules de nettoyage dans les rues étroites, contraintes liées aux tournées de collecte et coût d’acquisition pour les ménages modestes. Pour s’inspirer d’un modèle, des élus se sont rendus à Caen, où la remise gratuite de poubelles numérotées avait été expérimentée. La généralisation a entraîné une adoption progressive de récipients divers (seaux, caisses, boîtes) en substitution des poubelles réglementaires, même si les journalistes locaux ont noté une amélioration perceptible de la propreté.
Sélestat : boulets de canon et mémoire du siège
La vieille ville de Sélestat conserve dix boulets de canon encastrés dans des murs, neuf d’entre eux concentrés place Gambetta, rue Koeberlé et rue de Verdun. Leur insertion dans les maçonneries renvoie à des épisodes de siège et à la tradition défensive de la ville. Ces projectiles sont notamment associés au siège de 1814, dans le contexte des campagnes militaires de l’est de la France et des affrontements entre forces napoléoniennes et armées coalisées.
Aubusson : tapisserie, déclin et réorientation artistique
La production de tapisserie est attestée à Aubusson depuis le Moyen Âge. Des artisans lissiers et tapissiers, y compris des maîtres venus des Flandres, s’y sont implantés. Trois facteurs expliquent traditionnellement le développement local : la transmission d’un savoir‑faire, la disponibilité de laine issue de l’élevage local et la qualité des eaux pour les teintures.
Au XIXe siècle, la production s’est industrialisée et l’emploi a augmenté. À partir des années 1930, la filière a connu un recul de la demande et une transformation de la production. Des artistes et cartonniers, tels que Jean Lurçat, ont contribué à réorienter la production vers des pièces uniques et des créations artistiques, modifiant le modèle antérieur axé sur la production en série. Aujourd’hui, la tapisserie d’Aubusson demeure reconnue, mais le secteur emploie un effectif réduit réparti dans une dizaine d’ateliers.
Conclusion
Ces exemples illustrent la diversité des patrimoines locaux : des objets matériels (cloches, boulets, tapisseries) aux patrimoines d’usage et de pratiques sociales (mobiliers urbains, savoir‑faire artisanaux). Ils montrent également que la préservation et la valorisation du patrimoine reposent sur des acteurs variés (élus, artisans, chercheurs, associations) et sur des réorientations adaptatives face aux transformations économiques et sociales.