Synthèse
En novembre 2025, le chef d'état-major des Armées, le général Fabien Mandon, a prononcé un discours devant le congrès des maires de France dans lequel il a affirmé que la France devrait « accepter de perdre ses enfants » en cas d'engagement majeur. Ces propos ont suscité de vives réactions au sein du monde politique et relancé le débat sur la place des autorités militaires dans l'expression publique de scénarios de conflit.
Déclaration du chef d'état-major
Lors de son intervention devant des élus locaux, le général Mandon a présenté une appréciation de la situation géopolitique et des risques potentiels pour la sécurité européenne. Il a estimé que la France disposait de capacités politiques, économiques et démographiques pour dissuader certains acteurs, mais qu'il manquait, selon lui, une « force d'âme » collective et la disposition à accepter des sacrifices, y compris la perte de soldats, pour protéger l'identité et les intérêts nationaux. Il a invité les maires à sensibiliser leurs communes et à préparer la Nation à soutenir un effort de défense si nécessaire.
Réactions politiques
Plusieurs responsables politiques ont condamné la formulation des propos et estimé que le chef d'état-major dépassait son rôle en appelant la population à envisager de tels sacrifices. Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a exprimé son « désaccord total », jugeant que ce n'était pas aux militaires d'inciter les élus à des « préparations guerrières ». Fabien Roussel (Parti communiste français) a qualifié l'intervention de « discours va-t-en-guerre » et évoqué le souvenir des monuments aux morts. Des responsables du Rassemblement national ont également critiqué la prise de parole et s'interrogent sur la légitimité et la coordination de ce type d'intervention avec l'exécutif.
Par ailleurs, des parlementaires ont saisi la ministre des Armées pour savoir si le président de la République avait été informé du texte ou de l'orientation du discours.
Réactions au sein des autorités et des armées
La ministre des Armées, Catherine Vautrin, a défendu le général Mandon, jugeant qu'il était « pleinement légitime à s'exprimer sur les menaces » pesant sur le pays. Elle a estimé que ses propos relevaient d'un langage militaire et a dénoncé leur instrumentalisation à des fins politiciennes. Le président du Sénat, Gérard Larcher, et le chef d'état-major de la Marine nationale, l'amiral Nicolas Vaujour, ont insisté sur l'importance d'écouter les chefs militaires, dont le rôle inclut l'anticipation des scénarios de menace.
Contexte stratégique
Ces déclarations s'inscrivent dans un contexte où des responsables militaires et des services de renseignement européens ont exprimé des inquiétudes concernant une possible intensification des affrontements en Europe et des actions hybrides visant des pays alliés. Le général Mandon avait déjà évoqué, lors d'auditions antérieures, la nécessité pour les armées d'être prêtes à un « choc dans trois, quatre ans » et mentionné des menaces émanant de la Russie.
Parallèlement, les autorités ont diffusé des documents et mené des campagnes destinées à renforcer la résilience civile face à divers risques, y compris des scénarios de crise et des attaques hybrides, et à informer les citoyens sur les mesures de préparation.
Enjeux soulevés
Le débat porte sur plusieurs questions : la place et les limites de l'expression publique des chefs militaires sur des scénarios géostratégiques ; la responsabilité des autorités politiques dans la validation et la mise en perspective des messages émanant d'officiers supérieurs ; la perception par l'opinion publique des menaces et des sacrifices potentiels liés à un engagement militaire ; et, enfin, l'opportunité d'accroître la sensibilisation locale et la résilience face aux risques contemporains.
Situation actuelle
La prise de parole du chef d'état-major a déclenché un débat public et des échanges institutionnels entre ministères, élus et responsables parlementaires portant sur la portée des propos et sur les informations à communiquer aux citoyens. Le dossier reste suivi par les autorités et fait l'objet d'interrogations au sein des institutions politiques.








