Contexte et objectifs annoncés
Depuis la fin octobre 2025, le président de la République a engagé une réflexion sur les risques que les réseaux sociaux et la désinformation font peser sur la démocratie. Parmi les pistes évoquées figurent une « majorité numérique » fixée à 15 ans, la transparence des algorithmes et la possibilité d'une procédure judiciaire en référé pour obtenir le retrait rapide de contenus jugés faux. Le gouvernement a annoncé son intention de traduire certaines orientations en décisions concrètes début 2026.
Proposition de labellisation
Lors d'interventions publiques, le président a évoqué l'idée d'une labellisation « faite par des professionnels » destinée à distinguer les sites et réseaux qui respectent des règles déontologiques. Il a précisé à plusieurs reprises que ce n'était pas au gouvernement d'établir une « vérité d'État » et qu'il ne reviendrait pas à l'État de dire « ceci est une information, ceci n'en est pas ». Il a cité des démarches existantes, notamment des initiatives portées par Reporters sans frontières et la Journalism Trust Initiative.
Origine de la piste de labellisation
L'idée de labellisation figure parmi les recommandations issues des États généraux de l'information : le comité de pilotage de ces États généraux avait recommandé en 2024 que des professionnels s'engagent dans des démarches visant à renforcer la confiance du public. La proposition évoquée publiquement consiste en une labellisation initiée par des acteurs de la profession, selon les déclarations du chef de l'État et de responsables gouvernementaux.
Réactions et critiques politiques
Plusieurs médias et acteurs politiques ont interprété ou présenté la labellisation comme une tentative de contrôle de l'information. Le Journal du Dimanche et d'autres titres et antennes liés au groupe Bolloré ont qualifié la proposition de « dérive » et l'ont rapprochée, dans le débat public, d'une notion de « ministère de la Vérité ».
À droite et à l'extrême droite, des responsables du Rassemblement national et des Républicains ont exprimé leur opposition et lancé des pétitions demandant au chef de l'État de renoncer au projet. Ces critiques ont été largement relayées dans les médias.
Réponses de la présidence et du gouvernement
En conseil des ministres le 2 décembre 2025, la présidence a affirmé que le gouvernement n'allait pas créer « tel ou tel label destiné à la presse » et n'entendait pas instaurer un « ministère de la Vérité ». La porte-parole du gouvernement a rappelé que des initiatives de la profession existaient et que l'État ne serait pas l'arbitre de la qualification de l'information. L'Élysée a par ailleurs dénoncé des déformations des propos présidentiels et souligné la distinction entre une démarche professionnelle et une labellisation étatique.
Arguments et points de débat
Les partisans d'une régulation rappellent que la multiplication d'informations non vérifiées sur les réseaux sociaux pose des questions de responsabilité et d'effets sur le débat public. Ils présentent la labellisation professionnelle comme un moyen potentiel de renforcer la confiance du public. Les opposants estiment que toute procédure susceptible de classer ou d'homologuer des organes de presse peut porter atteinte au pluralisme et risquer de conférer, directement ou indirectement, un rôle de contrôle à l'État. Ils soulignent également les difficultés pratiques liées aux critères, aux acteurs habilités et aux garanties de transparence.
Contexte international
La controverse s'inscrit dans un débat plus large sur la régulation des plateformes numériques et la protection du pluralisme médiatique. Certains observateurs ont rapproché la discussion française de débats internationaux sur la liberté d'expression et les modalités de modération des contenus en ligne.
Éléments factuels complémentaires et situation actuelle
Plusieurs outils juridiques existent déjà pour contester ou faire retirer des contenus (procédures judiciaires, décisions de régulateurs). À la date des communiqués publics et des réactions rapportées, l'exécutif a déclaré qu'il n'instituerait pas de label étatique pour la presse et que la labellisation, si elle devait exister, relèverait de la profession. La discussion politique et médiatique se poursuit, avec des initiatives judiciaires, politiques et citoyennes contrastées.








