Contexte
Les leucémies aiguës sont la forme de cancer la plus fréquente chez l'enfant. Des facteurs de risque établis incluent l'exposition à de fortes doses de radiations ionisantes, certains facteurs génétiques et certaines chimiothérapies. Le rôle de l'exposition périnatale (de la grossesse aux premiers mois de vie) à des facteurs environnementaux, notamment les polluants atmosphériques, fait l'objet de recherches et de débats scientifiques.
Méthodes
Une étude fondée sur le registre national des cancers de l'enfant (étude GEOCAP-Birth) a analysé des associations entre exposition résidentielle aux polluants de l'air au moment de la naissance et survenue ultérieure de leucémie aiguë, tous types confondus (lymphoblastique et myéloïde). La comparaison a porté sur des cas et des témoins contrôles (environ 817 cas et 12 000 témoins selon les informations rapportées). L'exposition a été évaluée par modélisation pour plusieurs polluants liés au trafic et à la combustion: dioxyde d'azote (NO2), particules fines de diamètre aérodynamique inférieur à 2,5 µm (PM2,5) et carbone suie (black carbon). Les chercheurs ont également considéré la proximité du lieu de résidence à un axe routier à fort trafic (moins de 500 mètres).
Résultats
Les analyses ont identifié des associations entre l'exposition périnatale à certains polluants et le risque de leucémie aiguë chez l'enfant. Les principales observations rapportées sont les suivantes:
- Une association marquée entre l'exposition aux particules fines (PM2,5) et la leucémie aiguë lymphoblastique: les enfants les plus exposés aux PM2,5 présentaient un risque supérieur d'environ 70% par rapport aux moins exposés selon les estimations publiées.
- Une estimation supplémentaire indique qu'une augmentation de 2 µg/m3 de la concentration en PM2,5 s'accompagne d'une hausse du risque d'au moins 12%.
- Des estimations associées au carbone suie font état d'un accroissement du risque de l'ordre de 80% pour certaines comparaisons, selon les résultats rapportés.
- La présence d'un axe routier majeur à moins de 500 mètres du lieu de résidence au moment de la naissance ne semblait pas, dans ces analyses, associée de manière significative au risque global de leucémie aiguë.
Interprétation et limites
Les auteurs précisent que les résultats établissent des associations et ne prouvent pas une relation de cause à effet. Plusieurs limites inhérentes à l'étude doivent être prises en compte: conception observationnelle, possible erreur de classification de l'exposition (modélisation des concentrations au lieu de mesures individuelles), variations spatiales et temporelles des sources d'émission, et taille de l'échantillon pour certaines sous-analyses. Les résultats laissent toutefois penser que, en plus du trafic routier, d'autres sources de PM2,5 et de carbone suie (activités industrielles, combustions domestiques telles que le chauffage au bois) pourraient contribuer aux associations observées.
Perspectives
Les auteurs recommandent des études supplémentaires portant sur des populations plus larges et des approches permettant une meilleure caractérisation des expositions et des sources polluantes afin de préciser quels constituants et quelles sources de pollution pourraient être impliqués dans le risque de leucémie aiguë chez l'enfant.








