Résumé de la décision
Le parquet de Paris a requis, le 2 septembre 2025, le renvoi devant un tribunal pour homicides involontaires du producteur de l’émission Dropped et du responsable de la sécurité du tournage. La requête vise la société Adventures Line Productions (ALP) et le responsable de la sécurité, estimant qu’ils ont commis des fautes engageant leur responsabilité pénale. Un non-lieu a été requis à l’encontre d’autres personnes mises en examen.
Faits
Le 9 mars 2015, deux hélicoptères de type Écureuil se sont percutés en vol près de Villa Castelli, dans la province de La Rioja (Argentine), après un décollage depuis cette localité. Les deux appareils transportaient des candidats, des membres de l’équipe technique et des pilotes. Dix personnes ont péri, parmi lesquelles les sportifs Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine, cinq membres de la production française et deux pilotes argentins.
L’opération correspondait à une séquence de tournage à basse altitude visant à filmer un appareil depuis l’autre. Les candidats de l’émission devaient être largués dans des zones isolées puis retrouver la civilisation sous un délai de 72 heures.
Manquements invoqués par le parquet
Le parquet de Paris reproche à la société de production et au responsable de la sécurité de ne pas avoir organisé de briefing en présence du second pilote, arrivé tardivement sur les lieux, pour s’assurer que la manœuvre demandée par la production était comprise par les deux équipages. Il leur est également reproché de ne pas s’être assurés du respect des règles aéronautiques applicables à ce type de manœuvre.
Enquêtes et constats antérieurs
Après l’accident, des enquêtes ont été ouvertes en Argentine et en France. La Direction d’enquête des accidents de l'aviation civile argentine (Jiaac) a conclu à une erreur de pilotage probable et a relevé des lacunes dans la planification du vol, l’utilisation d’hélicoptères publics dans un cadre commercial et des imprudences de pilotage liées aux séquences demandées par la production.
En France, des procédures judiciaires ont été engagées. En 2021, la justice française a mis en examen la société ALP pour une "faute caractérisée", l’accusant d’avoir sous-évalué les moyens affectés aux moyens aériens et d’avoir privilégié des critères financiers dans des choix liés aux aéronefs et aux équipages. La même année, la cour d’appel de Versailles a condamné ALP civilement pour faute inexcusable et ordonné des indemnités à l’égard de proches d’une victime.
Procédure en cours
Le réquisitoire du parquet porte sur un renvoi pour homicides involontaires à l’encontre de la société de production et du responsable de la sécurité. Les juges d’instruction doivent désormais décider de renvoyer ou non ces personnes devant le tribunal correctionnel. La procédure concerne également des demandes de non-lieu pour d’autres mis en examen.
Parties et réactions
La requête du parquet a été annoncée au terme de l’instruction et confirmée par des sources judiciaires. Certaines familles de victimes ont réagi publiquement à l’évolution de la procédure et suivent la suite de l’instruction. La société ALP n’a pas fait de commentaire exhaustif dans l’immédiat sur la requête pénale.
Éléments contextuels
ALP est identifiée comme la société de production impliquée dans le tournage. À la date du réquisitoire, ALP était une filiale d’un groupe de production audiovisuelle et la dirigeante actuelle mentionnée dans la presse était Alexia Laroche-Joubert. Plusieurs décisions civiles et éléments d’enquête administrative et judiciaire antérieurs constituent le contexte de la procédure pénale en cours.
Sources synthétisées: réquisitoire du parquet de Paris, rapports d’enquête administrative argentins, décisions judiciaires civiles et articles de presse publiés sur le dossier.