Contexte
La Cour suprême fédérale du Brésil (STF) a ouvert, à partir du 2 septembre 2025, la phase finale des délibérations concernant Jair Bolsonaro, président du pays de 2019 à 2022. Le jugement doit se dérouler sur plusieurs journées et aboutir à une décision d'ici au 12 septembre 2025. L'ancien chef de l'État est jugé aux côtés de sept co-accusés, parmi lesquels d'anciens ministres et des officiers supérieurs des forces armées.
Accusations et éléments de l'enquête
Le parquet accuse Jair Bolsonaro d'avoir dirigé une « organisation criminelle » visant à assurer son maintien au pouvoir après sa défaite lors de l'élection présidentielle de 2022. Les poursuites visent notamment des chefs d'accusation tels que la tentative de coup d'État et l'abolition violente de l'État démocratique de droit. Selon l'acte d'accusation, la peine maximale cumulée pourrait atteindre environ 43 ans d'emprisonnement.
L'instruction mentionne plusieurs éléments :
- la diffusion de doutes sur le système électoral et des campagnes de désinformation visant à contester le résultat du scrutin ;
- des réunions et des projets évoquant l'instauration d'un état de siège et l'organisation d'actions destinées à empêcher l'investiture du président élu ;
- l'existence d'un document dit « Poignard vert et jaune », attribué à un ancien général de la présidence, qui contiendrait des propositions violentes visant des responsables publics, selon l'accusation.
Les autorités considèrent que l'insurrection sur la place des Trois-Pouvoirs à Brasilia, le 8 janvier 2023, s'inscrit dans le cadre de ce dossier. Jair Bolsonaro se trouvait aux États-Unis à cette date ; le parquet l'accuse d'avoir joué un rôle d'instigation dans ces événements.
Déroulement du procès et mesures judiciaires
Le juge Alexandre de Moraes est le rapporteur du dossier devant la Cour suprême. L'audience d'ouverture a comporté la lecture d'un rapport résumant les éléments clés de l'accusation, suivie des interventions du procureur puis des plaidoiries des avocats des personnes mises en cause. Les juges de la chambre compétente de la STF doivent voter pour rendre un verdict.
Parmi les mesures prises à l'encontre de Jair Bolsonaro figurent l'assignation à résidence depuis début août 2025, le port d'un bracelet électronique et des interdictions de certaines communications publiques. La Cour a renforcé la surveillance autour de sa résidence en raison d'un « risque de fuite » indiqué par une décision judiciaire. L'accusé peut contester une éventuelle condamnation en appel ; une condamnation pourrait néanmoins entraîner une incarcération effective, selon les sources judiciaires.
Des informations médicales ont été communiquées par des proches, et Jair Bolsonaro a été autorisé à se rendre à l'hôpital pour des examens en août 2025, selon des communiqués publics.
Mesures de sécurité et contexte international
La ville de Brasilia a mis en place des mesures de sécurité accrues autour de la place des Trois-Pouvoirs, incluant contrôles d'accès et dispositifs de surveillance. Les autorités ont indiqué le recours à des équipements de surveillance et à des patrouilles durant la tenue des audiences.
La procédure s'inscrit dans un contexte diplomatique tendu avec les États-Unis. L'administration américaine a annoncé, à compter du 6 août 2025, l'application d'une surtaxe de 50 % sur une part des exportations brésiliennes en réaction aux poursuites contre l'ancien président, et a pris des mesures ciblées à l'encontre de responsables impliqués dans le dossier. Les autorités judiciaires brésiliennes ont déclaré leur intention de poursuivre l'instruction et le jugement en dépit de pressions externes.
Conséquences possibles et enjeux politiques
Outre les conséquences pénales pour les personnes mises en cause, le procès soulève des questions institutionnelles et politiques :
- la perspective d'une condamnation d'anciens responsables et de militaires supérieurs ;
- la possibilité d'une démarche parlementaire visant à proposer une amnistie évoquée par certains acteurs politiques ;
- les répercussions sur la compétition électorale, compte tenu de l'inéligibilité antérieure de Jair Bolsonaro jusqu'en 2030 pour des faits distincts liés à des déclarations sur le système de vote électronique.
Le président en exercice a indiqué son intention de briguer un nouveau mandat. Des faits antérieurs le concernant, y compris une condamnation pour corruption annulée pour vice de forme, figurent dans le dossier public et constituent des éléments de contexte cités par différents acteurs.
Suivi
La décision de la Cour suprême doit être rendue à l'issue des délibérations prévues entre le 2 et le 12 septembre 2025. En cas de condamnation, les voies de recours prévues par le droit brésilien restent accessibles aux condamnés.