Ouverture du procès
Le procès de Jean-Charles Naouri s'est ouvert à Paris le 1er octobre 2025 devant la 32e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire. L'action concerne des faits de manipulation de cours, de corruption privée et, pour une partie des personnes mises en cause, de délit d'initié.
Personnes mises en cause
Les prévenus comprennent Jean-Charles Naouri, ancien président-directeur général du groupe Casino, et trois anciens cadres du groupe nommés dans l'instruction : Jacques Dumas, Franck-Philippe Georgin et Nicolas Boudot. Nicolas Miguet, dirigeant d'une société de publications financières, est également poursuivi. Le groupe Casino Guichard-Perrachon est cité comme personne morale.
Faits reprochés et période concernée
Le parquet national financier (PNF) reproche aux dirigeants de Casino d'avoir, entre septembre 2018 et juin 2019, conclu une convention de conseil et d'assistance avec la SCTG, société dirigée par Nicolas Miguet, et d'avoir versé des sommes pour obtenir la diffusion d'éléments favorables à Casino dans des publications financières. Le montant évoqué dans l'instruction s'élève à environ 823 000 euros. Selon l'accusation, ces diffusions visaient à relayer une rumeur de rapprochement ou de rachat par Carrefour afin de soutenir ou de faire remonter le cours de l'action Casino à une période où celui-ci avait fortement baissé (niveau de l'ordre de 25 euros en septembre 2018).
Enquête et éléments versés au dossier
Dans le cadre de l'instruction, l'Autorité des marchés financiers s'est portée partie civile et des auditions ont été réalisées, notamment concernant une éventuelle tentative de rapprochement entre Casino et Carrefour. Alexandre Bompard, dirigeant de Carrefour, a été entendu au cours de l'enquête. Des témoins et des documents financiers ont été recueillis par les magistrats du PNF.
Parties civiles
Des héritiers de la famille Guichard, dont Xavier Kemlin et d'autres descendants de Geoffroy Guichard, se sont constitués parties civiles et invoquent un préjudice moral lié aux faits reprochés.
Positions de la défense et de l'entreprise
Les avocats de Jean-Charles Naouri contestent les qualifications retenues par le PNF et présentent le contexte de l'époque, marqué selon eux par des opérations de vente à découvert et par des pressions de marché sur la solvabilité du groupe. Ils soutiennent que la convention avec des prestataires visait à protéger l'intérêt social de l'entreprise. La direction de l'entreprise, depuis son changement de contrôle en 2024, a indiqué qu'elle ne souhaitait pas commenter le dossier en cours et a souligné la renouvellement de la gouvernance.
Calendrier et risques judiciaires
Le procès, prévu jusqu'au 22 octobre 2025, expose les personnes physiques mises en cause à des peines pénales pouvant aller, selon les chefs d'accusation, jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 500 000 euros d'amende. Le groupe Casino est poursuivi comme personne morale pour des chefs liés à la manipulation de cours et à la corruption.
Dispositif apparenté et contexte économique
À la période visée par l'enquête, le groupe Casino était sous forte pression des marchés en raison de son niveau d'endettement. En 2024, le contrôle du groupe a été transféré à un consortium d'investisseurs et le groupe a engagé des opérations de restructuration et de cession d'actifs dans le cadre de son redressement.