Présentation de l'affaire
Roger Lumbala, ancien ministre, ancien sénateur et ex-chef rebelle en République démocratique du Congo (RDC), comparaît devant la cour d’assises de Paris. Il est poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité et participation à une association criminelle pour des faits commis entre 1998 et 2003, notamment en 2002 et 2003 dans les provinces de l'Ituri et du Haut-Uélé.
Faits allégués
Les poursuites visent des exactions attribuées au mouvement RCD-N (Rassemblement des Congolais démocrates-National) qui a opéré dans le nord-est de la RDC. Les actes reprochés incluent des exécutions sommaires, des viols, du travail forcé, des mutilations, des pillages et des formes d’asservissement sexuel. Certaines opérations ont été menées dans le cadre d’une offensive désignée sous le nom d'"Effacer le tableau" et effectuées conjointement avec des forces alliées, selon des éléments de l'enquête et des rapports onusiens. Des communautés citées comme ayant été touchées comprennent notamment des femmes nande et des populations pygmées bambuti.
Enquête et mise en cause
Des investigations françaises ont été ouvertes à partir de 2016. L'enquête s'est appuyée sur des informations transmises notamment par des organismes administratifs en France et sur des éléments d'instruction visant à établir la responsabilité individuelle dans la chaîne de commandement. Roger Lumbala a été arrêté en France en décembre 2020 et détenu à la prison de la Santé. Il a été mis en examen en 2023. Sa présence en France et sa résidence ont rendu possible la poursuite au titre de la compétence universelle, prévue par le droit français pour certains crimes internationaux.
Procédure judiciaire et calendrier
L'audience s'est ouverte le 12 novembre 2025 devant la cour d’assises de Paris. Les débats se sont étalés sur plusieurs semaines et ont inclus les témoignages de dizaines de personnes se disant victimes ou témoins des faits allégués. Le verdict était attendu le 19 décembre 2025. En cas de condamnation, la peine encourue peut aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité.
Position de la défense
Roger Lumbala conteste les qualifications retenues contre lui. Il affirme avoir exercé une activité politique et soutient qu’il ne disposait pas de militaires placés sous son autorité directe au moment des faits. Sa défense a annoncé qu'elle remettrait en cause, au moins partiellement, la compétence de la justice française.
Réactions et contexte régional
Plusieurs organisations non gouvernementales parties civiles ont qualifié le procès d'événement significatif au regard des principes de responsabilité individuelle pour les crimes internationaux. Elles ont appelé à ce que les auteurs de graves violations des droits humains fassent l'objet d'enquêtes et de poursuites.
Le procès s'inscrit dans un contexte plus large de violences prolongées dans l'est de la RDC, où divers groupes armés restent actifs et où des affrontements ont entraîné des pertes humaines et des déplacements de populations. Des rapports et analyses internationaux ont documenté l'implication de multiples acteurs dans ces conflits et les liens entre luttes armées et contrôle de ressources naturelles dans la région.
Conséquences attendues
La procédure vise à établir les responsabilités individuelles pour les faits reprochés et à préciser le rôle de Roger Lumbala dans la direction ou le contrôle des forces impliquées. Le déroulement du procès devrait également permettre d'archiver des éléments de témoignage et d'instruction relatifs aux événements invoqués pendant la période examinée.








