Contexte
L'affaire oppose l'acteur Gérard Depardieu et l'émission Complément d'Enquête (France Télévisions) à propos d'un reportage intitulé «Gérard Depardieu : la chute de l'ogre», diffusé le 7 décembre 2023. Au centre du litige se trouve une séquence filmée en 2018 lors d'un voyage en Corée du Nord, fournie par la société de production Hikari.
Séquence contestée
La séquence litigieuse, longue de moins d'une minute sur les 54 minutes de l'enquête, montre Gérard Depardieu tenant des propos à connotation sexuelle alors qu'une fillette apparaît à l'image, à cheval. La défense de l'acteur et l'écrivain Yann Moix, présent lors du déplacement, soutient que les paroles visaient une femme adulte invisible à l'écran et s'inscrivaient selon eux dans le cadre d'une œuvre de fiction sur laquelle ils auraient travaillé.
Positions des parties
La demande de Gérard Depardieu, présentée par son avocat Jérémie Assous (et par Etienne Bodéré pour Yann Moix), vise à obtenir la condamnation de l'émission pour montage illicite et pour des faits connexes évoquant un abus de confiance et du travail dissimulé. Les demandeurs estiment que le montage diffusé a donné à voir une intention qui n'était pas la leur et qu'il a entraîné des conséquences professionnelles et reputationales.
France Télévisions, défendue par son avocate Juliette Félix, conteste l'existence d'un trucage ou d'un montage illicite. Les auteurs du reportage affirment que le montage ne travestit pas la réalité et qu'il repose sur d'autres enregistrements de la séquence. Le groupe a fait authentifier par huissier le passage contesté.
La société Hikari, productrice des images, a engagé des actions en justice contre les demandeurs, déposant une assignation pour dénonciation calomnieuse, fausse attestation et tentative d'escroquerie au jugement.
Procédures judiciaires et expertises
La justice a ordonné des expertises techniques afin de préciser les opérations de montage effectuées et, dans la mesure du possible, de déterminer à qui s'adressaient les propos de l'acteur. Des éléments versés au dossier, notamment une expertise rattachée à une enquête pour viols, ont conclu à l'existence de propos à connotation sexuelle adressés à une fillette évoluant sur un poney. Une expertise complémentaire a été demandée pour examiner précisément d'éventuelles manipulations des images et des sons.
France Télévisions et Hikari ont communiqué partiellement des éléments d'enregistrement à un huissier pour défendre le reportage. Les demandeurs se sont plaints du refus de transmettre l'intégralité des rushs, le groupe public et la société Hikari invoquant la protection des sources et la sécurité des personnes filmées.
Audiences et débats
L'audience devant le tribunal correctionnel de Paris s'est tenue en l'absence de Gérard Depardieu et de Yann Moix, leurs avocats ayant invoqué des raisons de santé pour justifier leur non-comparution. Les représentants légaux des parties ont exposé leurs arguments devant le tribunal.
Plusieurs personnalités publiques ont pris position au moment de la diffusion du reportage ; des déclarations publiques ont été évoquées au cours des débats, sans que ces prises de position influent directement sur l'instruction technique des experts.
Poursuites pénales parallèles
Parallèlement à l'action civile contre Complément d'Enquête, Gérard Depardieu fait l'objet de procédures pénales distinctes. Il a été condamné au printemps à une peine d'emprisonnement avec sursis pour des agressions sexuelles commises lors d'un tournage ; il a interjeté appel de cette décision. Des poursuites pour des faits de viols ont également été engagées et ont conduit à un renvoi devant la cour criminelle de Paris. L'acteur conteste ces accusations depuis sa mise en examen en 2020 et a fait appel de l'ordonnance de renvoi.
Enjeux devant le tribunal
Le tribunal doit se prononcer sur l'existence éventuelle d'un montage illicite et, le cas échéant, sur les conséquences civiles et pénales. Il examinera aussi les demandes et moyens formulés par Hikari et France Télévisions, ainsi que les requêtes de communication d'éléments techniques et d'authentification des rushs. Les décisions seront déterminées par les éléments d'enquête, les expertises ordonnées et les arguments des parties.