Contexte de l'affaire
Le 5 novembre 2018, l'effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne à Marseille a provoqué la mort de huit personnes. Ce drame a mis en lumière les conditions déplorables de certains logements insalubres au centre-ville de Marseille. En 2025, le procès a suscité une attention particulière en raison de l'émotion provoquée par cette tragédie et des nombreux enjeux autour de la sécurité des habitats urbains.
Les prévenus et les jugements
Au total, 16 personnes étaient poursuivies dans cette affaire. Le tribunal judiciaire de Marseille a prononcé des peines sévères pour plusieurs copropriétaires ainsi que d'autres acteurs impliqués directement ou indirectement dans le maintien des immeubles incriminés dans un état dangereux.
Condamnations de prison ferme
- Xavier Cachard, copropriétaire et avocat du syndic de copropriété au 65 rue d’Aubagne, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux ans ferme sous bracelet électronique. Il était également élu au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur au moment des faits et a été jugé pour son "indifférence déplorable" et sa stratégie d'obstruction des travaux nécessaires.
- Gilbert Ardilly, propriétaire d'un appartement au même immeuble, a reçu une peine similaire de quatre ans, dont deux ans ferme sous bracelet électronique.
- Sébastien Ardilly, son fils, a été condamné à trois ans de prison, dont un an ferme sous bracelet électronique. Martine Ardilly, sa mère, a écopé d'une peine de trois ans de prison avec sursis.
Condamnations avec sursis
- Richard Carta, l’architecte-expert qui avait visité les lieux avant l'effondrement, a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour négligences ayant mené à une décision inappropriée de laisser réintégrer les résidents.
- Julien Ruas, ancien adjoint au maire de Marseille chargé du logement insalubre, a reçu une condamnation de deux ans de prison avec sursis pour n’avoir pas mis en place de politique efficace de lutte contre les immeubles en péril.
Réactions et perspectives
Les décisions du tribunal ont été partiellement bien accueillies, montrant la fermeté de la justice envers les "marchands de sommeil", mais ont également suscité des critiques, notamment de la part des familles des victimes, qui attendaient des condamnations plus dures.
Le drame de la rue d’Aubagne a servi de révélateur des graves problèmes liés au logement insalubre à Marseille, une ville où de nombreux logements sont dans un état critique. Les familles des victimes et les associations plaident pour que ce procès serve de point de départ à une réforme en profondeur de la gestion des habitats dégradés.
Deux audiences civiles prévues fin 2025 et en 2026 fixeront les indemnisations des parties civiles, estimées à au moins 1,4 million d'euros. Ces démarches poursuivent l’objectif que des tragédies similaires soient évitées à l’avenir. Le procès et ses conséquences s'avèrent également formateurs pour les professionnels impliqués dans la gestion du logement.