Introduction
Une équipe de glaciologues a évalué le nombre de glaciers susceptibles de disparaître au cours du XXIe siècle selon plusieurs scénarios de réchauffement. L'étude s'appuie sur une vaste base de données satellitaire couvrant 211 490 glaciers, hors calottes du Groenland et de l'Antarctique, et introduit le concept de « pic d'extinction des glaciers » : l'année où le plus grand nombre de glaciers disparaît sur une période donnée.
Méthode
Les auteurs ont simulé l'évolution de chaque glacier à l'aide de trois modèles de glacier indépendants, en considérant quatre scénarios de réchauffement global relatifs aux niveaux préindustriels : 1,5 °C, 2 °C, 2,7 °C (scénario proche des politiques climatiques actuelles) et 4 °C. Pour chaque glacier, ils ont déterminé l'année à partir de laquelle sa surface deviendrait insuffisante pour être classée comme glacier selon les critères retenus.
Résultats globaux
Les simulations indiquent que le rythme actuel de disparition — évalué à environ 1 000 glaciers par an — devrait s'accélérer au cours des prochaines décennies. Selon les scénarios modélisés :
- À 1,5 °C : le nombre annuel de disparitions atteindrait un pic proche de 2 000 par an, autour de 2041, et environ 95 957 glaciers subsisteraient en 2100, soit moins de la moitié de l'inventaire initial.
- À 2,7 °C : le rythme atteindrait environ 3 000 glaciers par an entre 2040 et 2060. Dans ce scénario, près de 80 % des glaciers de l'inventaire seraient perdus d'ici 2100, et environ 43 852 glaciers resteraient.
- À 4 °C : le pic de disparition se produirait au milieu des années 2050 et pourrait atteindre jusqu'à 4 000 glaciers par an. Dans ce scénario, environ 9 % des glaciers (18 288) subsisteraient à la fin du siècle.
Variations régionales et temporelles
Le moment et l'intensité du pic d'extinction varient selon les régions, en fonction de la distribution des tailles et de l'altitude des glaciers :
- Régions dominées par des glaciers de petite taille (par exemple les Alpes et les Andes subtropicales) : la moitié des glaciers pourrait disparaître dans un délai de l'ordre de deux décennies selon les projections.
- Régions avec des glaciers plus étendus (par exemple le Groenland et les marges de l'Antarctique) : le pic de disparition est projeté plus tard dans le siècle, en raison de la plus grande inertie de ces masses de glace.
Des projections régionales issues de l'étude incluent des estimations pour le Canada : dans l'archipel arctique canadien (7 406 glaciers), la perte projetée est d'environ 34 % à 1,5 °C et d'environ 60 % à 2,7 °C. Dans d'autres sous-régions, les proportions de glaciers perdus varient selon le scénario et la taille des glaciers locaux.
Impacts locaux
La disparition de glaciers individuels a des répercussions locales qui ne se réduisent pas à leur contribution à l'élévation du niveau de la mer. Ces changements peuvent affecter les ressources en eau saisonnières, les activités touristiques et certains aspects du patrimoine culturel ou des pratiques locales dépendant de la présence de glaciers. Les effets exacts diffèrent selon la région et les usages locaux de l'eau de fonte.
Observations de terrain
L'étude mentionne des changements observés sur des glaciers spécifiques, tels que le glacier Ausuiktuq (Île d'Ellesmere, archipel arctique canadien), dont la superficie actuelle est nettement inférieure à celle mesurée en 1959 et dont la position modifiée a affecté l'accès et l'utilisation locale. Ces observations servent d'exemples des transformations mesurées au niveau des glaciers individuels.
Conclusion
Les projections combinées portant sur plus de 200 000 glaciers montrent que le nombre annuel de disparitions devrait augmenter dans la majeure partie du XXIe siècle, avec des intensités et des dates de pic dépendant du niveau de réchauffement global retenu. Les différences entre scénarios illustrent l'influence des trajectoires d'émissions sur le nombre de glaciers qui pourraient être préservés d'ici 2100.








