Présentation de la publication
Le livre Le Journal d'un prisonnier, rédigé par Nicolas Sarkozy et consacré à sa période d'incarcération à la prison de la Santé, évoque notamment les auditions des familles de victimes de l'attentat du DC‑10. Des extraits de cet ouvrage ont suscité des réactions publiques du collectif « Les Filles du DC‑10 », qui rassemble des proches de victimes.
Contenu du livre et reproches des familles
Dans son ouvrage, l'ancien président décrit les auditions des familles comme « l'un des moments les plus émouvants » du procès de première instance et indique avoir été « affecté par la violence de certains propos » tenus à son encontre. Il affirme en outre avoir reçu une délégation des familles avant la visite de Mouammar Kadhafi à Paris en décembre 2007 et déclare n'avoir « jamais eu le moindre contact » avec Abdallah Senoussi.
Le collectif Les Filles du DC‑10 a qualifié ces passages d'affligeants et reproche à l'auteur de se présenter comme une victime « injustement prise pour cible par des familles ingrates et revanchardes ». Le groupe estime que la présentation dans le livre inverse les rôles et accuse l'auteur de déformer les faits.
Rappel des faits liés à l'attentat et aux procédures
L'attentat contre un avion UTA au‑dessus du Niger, le 19 septembre 1989, a causé la mort de 170 personnes de 18 nationalités. Les services de renseignement libyens sont identifiés comme impliqués dans la préparation de l'attaque.
Abdallah Senoussi, ancien responsable libyen, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle dans cet attentat. Lors du procès relatif au financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, il a été établi que deux proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux et Claude Guéant, avaient démarché Senoussi en vue d'un financement. Ces démarches ont contribué à la condamnation de Nicolas Sarkozy pour avoir permis des contacts entre proches et représentants libyens.
Arguments des parties sur les contacts avec la Libye
Dans son livre, Nicolas Sarkozy soutient que les discussions avec les autorités libyennes s'inscrivaient dans une politique supposée de lutte contre le terrorisme et rappelle l'existence d'indemnisations versées aux familles, évoquant un montant d'environ un million d'euros par famille.
Le collectif des proches des victimes conteste la lecture faite par l'auteur de ses contacts diplomatiques et l'interprétation portée sur l'indemnisation. Il affirme que l'indemnisation ne constitue pas une reconnaissance de responsabilité du régime libyen et que les éléments du dossier montrent que l'ancien président ne pouvait ignorer les liens entre ses collaborateurs et Abdallah Senoussi.
Développements judiciaires et calendrier
Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance et a interjeté appel. La procédure d'appel est programmée pour une audience qui doit se tenir du 16 mars au 3 juin 2026.
Conséquences médiatiques et déclarations publiques
La publication de l'ouvrage a suscité des prises de position publiques de la part du collectif Les Filles du DC‑10 et d'autres acteurs impliqués dans l'affaire, qui renvoient aux éléments du jugement et aux auditions versées au dossier. Les échanges portent sur l'interprétation des faits, la chronologie des rencontres entre responsables politiques et représentants libyens, et la portée des indemnités versées aux familles.
Situation actuelle
Les tensions entre les positions exprimées par Nicolas Sarkozy dans son livre et les déclarations des proches des victimes demeurent une composante du débat public autour de l'affaire. La procédure d'appel doit statuer sur les points de droit et de fait soulevés par la condamnation initiale.








