Contexte et vague de chaleur
Le rapport 2025 de Copernicus Marine souligne que le réchauffement des océans favorise la propagation d'espèces invasives et perturbe la biodiversité marine ainsi que les pêcheries en Méditerranée. Il rappelle que, entre mai 2022 et début 2023, la région a connu une longue vague de chaleur marine avec des anomalies de température de surface atteignant jusqu'à +4,3 °C par rapport aux normales.
Espèces étudiées et zones observées
Des études menées par des équipes scientifiques ont analysé l'effet de cette anomalie thermique sur deux espèces observées dans des zones littorales : le crabe bleu de l'Atlantique (Callinectes sapidus) dans le delta du Pô, et le ver dit « de feu barbu » ou ver barbelé le long des côtes siciliennes. Les observations combinent données de terrain et analyses de pêcheries artisanales.
Crabe bleu (Callinectes sapidus)
Dans le delta du Pô, la prolifération du crabe bleu a été associée à une forte diminution de la production de moules dans certaines lagunes en 2023, allant jusqu'à des pertes proches de 100 %. Le rapport note que la hausse des températures peut accélérer les cycles de reproduction et favoriser des expansions de populations, modifiant les habitats benthiques et la composition des communautés locales par prédation et compétition.
Ver barbelé (ver « de feu barbu »)
Le ver barbelé, déjà signalé en Méditerranée, a vu ses effectifs augmenter dans certaines zones côtières siciliennes. Pour les pêcheries artisanales, ce ver est un facteur de nuisance : il consomme les appâts, rompt des lignes secondaires et peut endommager les poissons capturés, réduisant ainsi la valeur marchande des prises et alourdissant les coûts de pêche.
Pistes de gestion proposées
Le rapport et les études locales proposent plusieurs mesures de gestion pour limiter les impacts : encourager la consommation locale et la valorisation du crabe bleu, réduire les rejets de femelles pondeuses, améliorer le suivi des invasions biologiques et étudier des usages potentiels du ver barbelé (par exemple valorisation dans le traitement des déchets de coquillages). Les auteurs insistent sur la nécessité de stratégies adaptées et coordonnées au niveau régional.
Autres pressions et conclusion
Outre la propagation d'espèces favorisées par le réchauffement, le rapport mentionne d'autres pressions affectant les océans : acidification, pollution plastique et réduction des glaces marines à l'échelle mondiale. Les auteurs soulignent que ces facteurs concomitants modulent la vulnérabilité des écosystèmes et renforcent l'urgence d'actions d'atténuation et d'adaptation.