Contexte
Le référendum portant sur un projet de nouvelle Constitution s'est tenu en Guinée le 21 septembre 2025. Le pays est dirigé depuis 2021 par le général Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir après le renversement du président élu Alpha Condé. À la suite du coup d'État de 2021, la junte a adopté une "Charte de la transition" contenant, entre autres dispositions, une interdiction pour ses membres de se présenter aux scrutins.
Objet du référendum
Le projet soumis au vote vise à remplacer la "Charte de la transition" par une Constitution permanente. Le texte proposé ne reprend pas l'interdiction explicite de candidature pour les membres de la junte, disposition qui figurait dans la Charte. Les autorités ont annoncé, en cas d'adoption, l'organisation d'élections présidentielle et législatives avant la fin de l'année civile, sans fixer de dates précises.
Déroulement du scrutin
Le jour du vote, des reporters ont observé une forte présence des forces de sécurité dans la capitale Conakry, avec des blindés et des barrages policiers contrôlant les véhicules. Dans certains bureaux de vote, notamment dans le quartier de Kaloum et à l'école Boulbinet, des files d'attente importantes ont été signalées. Dans d'autres régions, l'affluence a été plus contrastée, avec une participation apparente moindre dans des zones comme Faranah.
Le général Mamadi Doumbouya s'est rendu dans un bureau de vote à Conakry en début de matinée et a voté en compagnie de membres de sa famille, selon des observations de terrain. Les journalistes ont indiqué que sa présence n'a donné lieu à aucune déclaration publique au moment du vote.
Positions des acteurs et perceptions des électeurs
L'opposition a appelé au boycott du référendum, qualifiant le processus de "mascarade" et dénonçant ce qu'elle considère comme une manœuvre visant à permettre à des membres de la junte de se maintenir au pouvoir. Parallèlement, la campagne en faveur du "oui" a été largement visible dans l'espace public, notamment par l'affichage et des messages en faveur du projet.
Des électeurs interrogés ont déclaré vouloir mettre fin à la période de transition et revenir à un ordre constitutionnel avec des autorités civiles. D'autres ont exprimé des réserves liées à l'absence, dans le projet, d'une interdiction explicite de candidature pour les membres de la junte, et ont formulé des craintes quant à une éventuelle candidature du chef de la junte.
Observations sur le climat électoral
Plusieurs témoins et journalistes ont noté que la campagne du "non" était peu audible pendant la période précédant le scrutin. Des observateurs sur place ont relevé la visibilité importante du camp du "oui" et la difficulté pour les voix dissidentes à se faire entendre, selon des comptes rendus de médias.
Chiffres et suites attendues
Environ 6,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, sur une population estimée à environ 14,5 millions d'habitants. Le vote s'est déroulé jusqu'à 18h00 (heure locale). Les autorités ont indiqué que les résultats provisoires officiels seraient communiqués à partir du mardi soir suivant le scrutin.
Points de référence historiques
La Constitution proposée intervient dans un contexte politique marqué par des coups d'État récents en Guinée et par des demandes internes et externes de retour à des institutions civiles et constitutionnelles. La suppression, dans le projet de Constitution, de la restriction de candidature figurant dans la Charte de la transition constitue un élément central des débats autour du référendum.
Sources et observations
Les éléments de cet article reposent sur des rapports de terrain et des déclarations d'acteurs politiques et d'électeurs recueillis par des journalistes présents lors du scrutin, ainsi que sur les communiqués et annonces des autorités guinéennes.