Décision de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra)
L'Ofpra a rejeté la demande d'asile formulée par Paul Watson, fondateur de l'association Sea Shepherd. La décision, rendue le 9 septembre 2025, estime que les craintes exprimées par le demandeur d'être « automatiquement interpellé » en cas de retour au Canada ou aux États-Unis sont infondées au regard du caractère démocratique et du respect de l'État de droit de ces deux pays. L'Ofpra a en outre considéré que le requérant n'avait pas apporté d'éléments sérieux montrant qu'il ne pourrait pas faire valoir ses droits dans le cadre de procédures régulières d'extradition.
Contexte et antécédents judiciaires
Paul Watson, de nationalités canadienne et américaine, a fait l'objet d'un mandat d'arrêt émis par le Japon en lien avec des faits allégués lors d'une opération de Sea Shepherd contre un navire baleinier en 2010. En 2024, il a été détenu au Groenland pendant cinq mois. Le Danemark a ensuite rejeté la demande d'extradition présentée par le Japon et M. Watson a été libéré en décembre 2024.
Il a rejoint la France à la fin de 2024 et a déposé une demande d'asile en février 2025. En juillet 2025, Interpol a levé la notice rouge le concernant.
Motifs présentés par l'Ofpra
L'Ofpra a retenu deux éléments principaux dans son appréciation :
- le caractère des États dont M. Watson possède la nationalité (Canada et États-Unis), qualifiés d'États de droit, conduisant l'office à considérer les craintes d'arrestation « automatique » comme non fondées ;
- l'absence d'éléments sérieux fournis par le requérant laissant penser qu'il ne serait pas en mesure d'exercer ses droits au cours de procédures d'extradition régulières.
L'office a également estimé que la suppression de la notice rouge d'Interpol était un élément susceptible de réduire le besoin de protection en France.
Déroulé chronologique des faits décrits
- 2010 : faits allégués lors d'une opération de Sea Shepherd visant un navire baleinier japonais ;
- 2012 : émission d'une notice d'Interpol liée à ce dossier (notice antérieure) ;
- 2024 : détention au Groenland pendant cinq mois ; rejet de la demande d'extradition par le Danemark et libération en décembre 2024 ;
- fin 2024 : arrivée en France ;
- février 2025 : dépôt d'une demande d'asile en France ;
- juillet 2025 : levée de la notice rouge d'Interpol ;
- 9 septembre 2025 : décision de l'Ofpra rejetant la demande d'asile.
Positions et réactions
Paul Watson a déclaré qu'il se sentait persécuté par les autorités japonaises et a exprimé sa déception après le rejet de sa demande d'asile. Il a indiqué ne pas savoir si un soutien politique pourrait permettre l'obtention d'une protection ou d'une nationalité française.
Son avocat a critiqué la décision et a soutenu que le maintien d'un mandat d'arrêt international par le Japon exposerait M. Watson à un risque lors de ses déplacements. La présidente de Sea Shepherd France a estimé que la levée de la notice d'Interpol n'était pas une garantie de sécurité.
Conséquences procédurales
Le rejet de la demande d'asile par l'Ofpra ouvre la voie aux voies de recours prévues par la réglementation française en matière d'asile. La décision de l'office ne modifie pas les procédures ou demandes d'extradition potentielles émises par des autorités étrangères.