Contexte et portée de l’accord
Signé à la mi-juillet entre des représentants indépendantistes, loyalistes et l’État, l’accord de Bougival entendait refonder l’organisation institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie. Il prévoyait d’inscrire dans la Constitution la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie », d’instaurer une nationalité calédonienne et d’ouvrir la voie au transfert de certaines compétences régaliennes, notamment en matière monétaire, judiciaire et policière. L’entrée en vigueur était conditionnée à une validation par les différentes forces politiques.
Rejet par le FLNKS
À l’issue d’un congrès extraordinaire tenu le 13 août 2024, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a formellement rejeté l’accord. Annoncée en conférence de presse à Nouméa, la décision est motivée par l’« incompatibilité du texte avec les fondements et acquis du mouvement » et par l’absence d’un nouveau référendum d’autodétermination, alors que plusieurs consultations ont eu lieu ces dernières années.
Réactions et conséquences immédiates
Le FLNKS refuse de participer au comité de rédaction proposé par l’État et met en garde contre tout passage en force. Le mouvement rappelle que la tentative de réforme du corps électoral a déclenché d’importantes émeutes en mai 2024, causant 14 décès et des dégâts matériels considérables. Il demande la tenue d’élections provinciales dès novembre 2024, alors que l’accord envisageait un report à 2026.
Position des autres acteurs
Les partis non-indépendantistes, l’Éveil océanien et deux mouvements indépendantistes modérés — le Parti de libération kanak (Palika) et l’Union progressiste en Mélanésie (UPM), qui ont quitté le FLNKS en 2024 — continuent de soutenir l’accord de Bougival. Ils appellent à un comité multipartite pour poursuivre les travaux et approfondir le texte.
Déplacements officiels et reprise du dialogue
Malgré le rejet, le ministre des Outre-mer prévoit une visite en Nouvelle-Calédonie la semaine du 18 août afin de relancer le dialogue. Le FLNKS indique qu’il acceptera une rencontre, tout en réaffirmant ses exigences sur le calendrier électoral et la supervision des discussions par son président, Christian Tein, qui demeure sous interdiction de séjour sur le territoire mais continue de piloter les échanges à distance.
Perspectives et calendrier politique
Le FLNKS propose d’ouvrir un nouveau cycle de négociations en vue d’un « accord de Kanaky » d’ici septembre 2025, avec l’objectif d’une souveraineté pleine à horizon de la prochaine élection présidentielle française. Les élections provinciales restent un enjeu central, perçu par tous les acteurs comme décisif pour l’avenir institutionnel du territoire.
Enjeux et climat politique
Le rejet de l’accord s’inscrit dans une séquence de tensions récurrentes entre l’État, les acteurs loyalistes et les forces indépendantistes. L’équilibre entre maintien dans la République et trajectoire de souveraineté demeure le cœur du débat, dans un contexte marqué par les violences de 2024 et par la nécessité d’un compromis politique durable.