Contexte
Une information mettant en cause l'emploi d'une collaboratrice du journal Le Canard enchaîné a donné lieu à une enquête judiciaire et à des poursuites. Les révélations à l'origine de l'affaire ont été présentées par un journaliste de l'hebdomadaire, qui a signalé que la personne mise en cause, Édith Vandendaele, avait été rémunérée comme journaliste pendant une période d'environ vingt-cinq ans sans qu'il soit établi qu'elle ait exercé une présence régulière dans les locaux de la rédaction.
Mise en cause et qualifications
Quatre personnes ont été poursuivies : Édith Vandendaele, son compagnon le dessinateur André Escaro, Michel Gaillard (ancien président de la société éditrice) et Nicolas Brimo (son successeur). Les poursuites portaient notamment sur des faits d'abus de biens sociaux, recel de ce délit, déclaration frauduleuse en vue d'obtenir une carte de presse, faux et usage de faux, et déclaration frauduleuse à un organisme social.
Instruction et débats au procès
Le procès a eu lieu en première instance au tribunal correctionnel de Paris. Le ministère public avait requis des peines avec sursis et des amendes, tandis que plusieurs actionnaires minoritaires du journal s'étaient constitués partie civile pour demander réparation du préjudice estimé par les enquêteurs. Lors des débats, il a été exposé que, selon l'enquête, Édith Vandendaele n'avait pas été vue dans les locaux de la rédaction, et que sa contribution aux « cabochons » (petits dessins d'actualité) prenait place depuis le domicile du dessinateur, après son départ à la retraite. Des témoins et des éléments documentaires ont donné des déclarations que le tribunal a jugées contradictoires.
Décision du tribunal
Le tribunal a rendu sa décision le 17 octobre 2025. Il a relaxé les quatre prévenus, estimant que l'ensemble des déclarations recueillies au cours de l'enquête et des audiences ne permettait pas de caractériser que la rémunération d'Édith Vandendaele était dépourvue de toute contrepartie et contraire à l'intérêt social de la société éditrice. La présidence a relevé que les éléments reposaient essentiellement sur des déclarations laissant place à des interprétations divergentes. Le tribunal a également jugé que l'activité liée aux « cabochons » comportait des dimensions matérielles et immatérielles et pouvait correspondre à la définition d'une œuvre collective ou collaborative. Enfin, le tribunal a rejeté la constitution de partie civile de la direction actuelle du journal, considérant que l'avocat qu'elle avait mandaté avait agi davantage comme soutien à la défense que pour la défense d'intérêts distincts du journal.
Réactions et suites possibles
L'avocat du journaliste à l'origine de la plainte a annoncé son intention de faire appel de la décision. Les avocats de la défense ont indiqué que le jugement mettait fin aux accusations soulevées en première instance. La procédure pourra donc se poursuivre en appel selon les voies de recours engagées par les parties.