Contexte et décision présidentielle
Le président américain Donald Trump a récemment procédé au renvoi d’Erika McEntarfer, responsable du service des statistiques du ministère du Travail depuis le début de 2024. Cette décision a été prise peu après la publication de données officielles faisant état d’une baisse marquée de la création d’emplois pour les mois de mai et juin, dont les chiffres ont été révisés à la baisse à 19 000 et 14 000 nouveaux postes respectivement, des niveaux signalés comme les plus bas depuis la pandémie de Covid-19.
Accusations et réactions
Donald Trump a justifié cette décision en remettant en cause la fiabilité des chiffres publiés, qualifiant les données de manipulées ou de « bidonnées » à des fins politiques, et accusant la responsable sortante d’avoir modifié les chiffres pour minimiser les résultats de son administration ou favoriser la précédente. Il a annoncé son intention de nommer rapidement un « remplaçant exceptionnel » à la tête du service, précisant que la proposition d’un successeur serait faite sous trois à quatre jours et que la nomination devrait être confirmée par un Sénat à majorité républicaine.
Cette mesure a suscité la réaction de la communauté économique et de divers observateurs, certains exprimant leur inquiétude quant à l’impact possible sur l’indépendance et la crédibilité des indicateurs économiques produits par l’institution. Le principal conseiller économique du président, Kevin Hassett, a suggéré que la méthodologie des relevés était insuffisamment transparente et que les chiffres pourraient être sujets à manipulation politique, tout en concédant que les révisions effectuées étaient censées se baser sur des données plus complètes et censément plus robustes.
Révisions des données et cadre institutionnel
Le service des statistiques du ministère du Travail met régulièrement à jour les chiffres publiés en fonction de nouvelles informations collectées après la première diffusion, ce qui entraîne des révisions pour les mois précédents. Le Wall Street Journal a rapporté que l’effectif dédié à ces tâches avait été réduit à la suite d’un gel des embauches, ce qui pourrait affecter la fiabilité des statistiques publiées.
Donald Trump a, par ailleurs, réaffirmé sa volonté de choisir des responsables au sein des institutions économiques, affirmant que cela permettrait selon lui d’assurer une plus grande transparence et fiabilité des statistiques diffusées. La nomination du prochain chef statisticien intervient également dans le contexte du remplacement d’autres postes économiques majeurs, notamment au sein du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale, à la suite de la démission d’une gouverneure.
Réactions internationales et institutionnelles
Certaines voix, tant nationales qu’internationales, ont exprimé leur inquiétude quant à l’éventuelle remise en cause de l’indépendance des institutions statistiques et économiques américaines. Le ministre allemand des Finances, en visite à Washington, a notamment souligné l’importance de préserver la neutralité et le professionnalisme de telles institutions dans le processus démocratique.
Conclusion
La décision de remplacer la responsable des statistiques du travail aux États-Unis intervient dans un contexte de tensions sur la transparence, la méthodologie et l’indépendance des données économiques. Le débat porte désormais sur le choix du futur responsable et les garanties d’objectivité et de qualité des publications à venir, alors que la conjoncture économique et les politiques publiques font l’objet d’une forte attention institutionnelle et médiatique.