Contexte des négociations
Le 25 juillet, une délégation iranienne a rencontré à Istanbul des représentants français, britanniques et allemands pour reprendre les discussions relatives au programme nucléaire iranien. Ces pourparlers interviennent dans un contexte marqué par des tensions accrues, notamment après une attaque israélienne mi-juin contre des sites nucléaires et militaires iraniens, suivie d'une intervention américaine qui a visé trois installations nucléaires.
Historique de l'accord sur le nucléaire iranien
La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, aux côtés des États-Unis, de la Chine et de la Russie, sont parties prenantes d'un accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015. Cet accord, aussi appelé Plan d'action global commun (PAGC), visait à limiter le programme nucléaire iranien en contrepartie d'une levée progressive des sanctions imposées par l'ONU. Cependant, en 2018, les États-Unis se sont retirés unilatéralement de l'accord et ont rétabli leurs propres sanctions contre l'Iran.
Malgré cette décision, les puissances européennes ont affirmé leur attachement à l'accord et n'ont pas réintroduit de sanctions onusiennes ou européennes. Elles accusent cependant l'Iran de ne pas respecter certains engagements, en particulier concernant l'enrichissement de l'uranium, et menacent de rétablir des sanctions en vertu d'une clause prévue par l'accord, sensible à l'expiration prochaine en octobre.
Points de friction et positions respectives
Les Européens considèrent qu'une absence de réponse négociée pourrait conduire au déclenchement du mécanisme de rétablissement automatique des sanctions, dit "snapback". Une source diplomatique européenne précise que l'inaction des pays européens n'est pas envisagée, avertissant l'Iran que la possibilité d'un retour à la normale se réduirait à l'automne sans progrès.
L'Iran juge ce mécanisme contraire au droit, affirmant que le retrait américain en 2018 a libéré les parties européennes de leurs engagements. Téhéran a indiqué être prêt à poursuivre les consultations avec les Européens, tout en avertissant que le rétablissement des sanctions de l'ONU pourrait l'amener à quitter le traité de non-prolifération nucléaire (TNP). L'Iran poursuit l'objectif d'éviter un tel isolement.
Situation et évolutions récentes
À la suite des frappes israéliennes et américaines, l'Iran a suspendu sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) début juillet. Les inspecteurs de l'AIEA ont quitté le pays, mais une équipe technique pourrait revenir après l'annonce d'une nouvelle forme de coopération par l'Iran. D'après les autorités iraniennes, l'enrichissement d'uranium serait temporairement à l'arrêt du fait de dommages importants infligés aux infrastructures nucléaires.
Enrichissement de l'uranium : divergences persistantes
Les négociations n'ont pas permis de surmonter les divergences concernant l'enrichissement d'uranium : l'Iran considère cet enrichissement comme un droit inaliénable pour son programme nucléaire civil, alors que les États-Unis y opposent une limite catégorique. Selon l'AIEA, l'Iran est le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir de l'uranium à 60 %, excédant nettement la limite de 3,67 % fixée par le PAGC.
Perspectives
À l'issue de la réunion d'Istanbul, les deux parties ont exprimé leur volonté de poursuivre les consultations. Toutefois, la possibilité d'un rétablissement des sanctions reste envisagée par les Européens en l'absence d'avancées, tandis que l'Iran conditionne la reprise complète de sa coopération internationale à l'évolution du cadre posé par les autres signataires de l'accord et aux actions de l'AIEA.