Le 1er décembre 2025, le tribunal des affaires économiques de Versailles a ordonné la cession de la SA Carmat au profit d’une nouvelle entité, la SAS Carmat, après examen d’une offre unique de reprise. Cette décision transfère les actifs et organise la poursuite d’activité dans le cadre du redressement judiciaire.
Contexte judiciaire
La société Carmat, spécialisée dans la conception et la production d’un cœur artificiel, était placée en redressement judiciaire depuis le début de juillet 2025. Le tribunal a retenu l’offre présentée en novembre par Pierre Bastid, président du conseil d’administration et actionnaire, associée à la holding Santé Holding.
Offres déposées et calendrier
Une première offre déposée par Pierre Bastid en août a été jugée irrecevable fin septembre pour absence de garanties financières. Le tribunal a accordé un délai mi-octobre, ce qui a permis le dépôt d’une nouvelle offre en novembre. C’est cette offre unique qui a été acceptée par la juridiction en décembre.
Conditions sociales et effectifs
La reprise porte sur 88 des 127 salariés recensés début décembre 2025. La procédure prévoit le licenciement économique de 39 salariés dans le cadre d’une restructuration destinée à adapter l’organisation industrielle et commerciale de l’entreprise.
Acteurs et participation financière
Pierre Bastid, qui détient environ 17 % du capital, est le porteur de l’offre retenue. La reprise est réalisée en association avec Santé Holding, actionnaire historique lié à la famille Ligresti. D’autres investisseurs, dont un family office, ont été évoqués au cours de la procédure sans que tous les détails financiers aient été rendus publics.
Historique industriel et clinique
Créée en 2008, Carmat a développé une prothèse mécanique et biologique visant à reproduire la forme et la fonction du cœur naturel. La première implantation a eu lieu en 2013. Selon les bilans communiqués, 122 patients ont été implantés à ce jour.
Le développement clinique et industriel a connu des interruptions : suspension des essais entre novembre 2016 et mai 2017 après un décès, puis suspensions volontaires des implantations entre fin 2021 et octobre 2022 pour des modifications techniques liées à des dysfonctionnements signalés. La prothèse a obtenu une certification européenne fin 2020 en tant que « pont à la transplantation », ouvrant la voie à des ventes ciblées en Europe.
Réactions des actionnaires minoritaires
L’association des actionnaires minoritaires de Carmat (Aamidca) a exprimé son mécontentement après l’annonce de la reprise, évoquant des pertes cumulées depuis l’introduction en Bourse. Certains petits porteurs n’excluent pas des recours, tandis que d’autres envisagent la possibilité d’investir dans la nouvelle structure, qui ne serait pas cotée.
Objectifs et défis annoncés
La nouvelle direction annonce comme priorités la relance de la production, la remobilisation de la chaîne de fournisseurs, l’obtention d’accords de remboursement par la Sécurité sociale et la poursuite des démarches en vue d’un accès au marché américain. La direction vise un retour à l’équilibre économique à l’horizon 2030-2031 et la constitution d’un acteur medtech en cardiologie sur le territoire français.
Situation actuelle
La cession ordonnée par le tribunal transfère les actifs et organise la continuité d’activité sous la SAS Carmat. L’entreprise reste soumise aux exigences réglementaires et commerciales liées à la mise sur le marché du dispositif et à sa prise en charge par les systèmes de santé.








