Le parquet a requis le 7 novembre 2025 une peine de six à huit mois de prison avec sursis contre Bernard Bajolet, ancien directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), pour complicité de tentative d'extorsion et atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l'autorité publique. Bernard Bajolet conteste avoir donné un ordre visant à contraindre un homme d'affaires impliqué dans un litige avec la DGSE.
Contexte
Bernard Bajolet a dirigé la DGSE entre avril 2013 et mai 2017. Il comparaît devant le tribunal correctionnel de Bobigny, saisine liée à des faits survenus le 12 mars 2016. La décision de la juridiction est prévue pour le 8 janvier.
Faits reprochés
Le 12 mars 2016, Alain Duménil, homme d'affaires franco-suisse, a été retenu par la police aux frontières à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle alors qu'il devait se rendre en Suisse. Il a été conduit dans une salle où deux hommes en civil se sont présentés comme appartenant à la DGSE. Selon l'accusation, ces agents ont informé Alain Duménil qu'il devait rembourser 15 millions d'euros à la France, lui ont montré un album de photographies de ses proches et ont proféré des menaces.
Au cours de l'instruction, l'identité des deux agents n'a pas été communiquée, l'exercice du secret de la Défense nationale ayant été opposé à plusieurs reprises.
Procès et réquisitions
Lors des audiences de novembre 2025, le parquet a requis une peine de six à huit mois de prison avec sursis à l'encontre de Bernard Bajolet. La procureure a soutenu que, dans la structure de la DGSE, les agents impliqués avaient reçu des instructions et que, si un ordre avait été donné, la personne l'ayant formulé pouvait être tenue pour complice.
La procureure a demandé une peine évitant l'humiliation et souhaité qu'une éventuelle condamnation ne soit pas inscrite au casier judiciaire.
Positions des parties
La défense affirme que Bernard Bajolet n'avait pas donné d'ordre visant à contraindre la victime et invite à la prudence quant à l'interprétation du terme « initiative » employé dans certains échanges internes. Un avocat de la défense a aussi mis en cause la responsabilité de la police aux frontières, présentée comme détentrice du contrôle de passeport, et a estimé que cet épisode était distinct de la DGSE.
La partie civile réclame des dommages et intérêts et évalue le préjudice subi à plusieurs millions d'euros. Ses avocats ciblent la responsabilité personnelle reprochée à Bernard Bajolet ainsi que des pratiques internes de la DGSE.
Enjeux et éléments de contexte financier
Le litige est lié à un différend financier entre Alain Duménil et la DGSE, la direction estimant qu'il lui doit 15 millions d'euros, incluant des intérêts, en lien avec des opérations menées à la fin des années 1990.
Décision attendue
La décision du tribunal correctionnel de Bobigny est attendue le 8 janvier 2026.








