Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté le 31 octobre 2025 une résolution invitant les parties au conflit du Sahara occidental à reprendre des négociations "sur la base" du plan d'autonomie présenté par le Maroc. La résolution a été approuvée par une majorité du Conseil, sans vote contre ; certains membres permanents se sont abstenus et la délégation algérienne n'a pas participé au vote. Le mandat de la Minurso a été prolongé d'un an.
Contexte
Le Sahara occidental est un territoire disputé depuis la fin de l'administration coloniale espagnole. Après le retrait partiel de l'Espagne dans les années 1970, le Maroc a pris le contrôle d'une grande partie du territoire, tandis que le Front Polisario a proclamé la République arabe sahraouie démocratique et a été soutenu par l'Algérie. Des hostilités armées ont eu lieu, suivies d'une trêve et de la mise en place de la Minurso pour surveiller le cessez-le-feu et préparer un référendum d'autodétermination qui n'a pas été organisé.
En 2007, le Maroc a présenté à l'ONU une proposition d'autonomie locale pour le Sahara occidental, visant à maintenir la souveraineté marocaine tout en instituant des autorités locales élues pour gérer les affaires internes du territoire. Cette proposition a été au centre du projet de résolution adopté en 2025.
Contenu de la résolution
La résolution demande la reprise des négociations entre le Maroc et le Front Polisario en invitant explicitement les parties à discuter "sur la base" du plan marocain d'autonomie. Elle appelle le secrétaire général et l'envoyé personnel sur ce dossier à poursuivre leurs consultations et à soutenir un processus de négociation. La résolution renouvelle également pour un an le mandat de la Minurso.
La formulation du texte reconnaît la proposition d'autonomie comme une option possible pour la résolution du conflit tout en appelant au dialogue entre les parties et aux consultations avec les États de la région.
Réactions des acteurs
Maroc : Les autorités marocaines ont salué l'adoption de la résolution et présenté son adoption comme une validation internationale de la proposition d'autonomie. Des déclarations officielles ont souligné la volonté de poursuivre les négociations sur la base du texte retenu par le Conseil.
Algérie : Le représentant algérien au Conseil de sécurité a indiqué que son pays n'a pas participé au vote et a critiqué le texte en le jugeant insuffisamment conforme, selon lui, aux principes onusiens de décolonisation. L'Algérie a obtenu l'insertion de certaines clauses d'équilibrage au cours des négociations sur le projet de résolution.
Front Polisario : Le Front Polisario a rejeté la perspective de négociations fondées sur le plan marocain et a déclaré qu'il n'accepterait pas de processus visant à légitimer ce qu'il considère comme une occupation. Le mouvement a réaffirmé sa revendication en faveur de l'autodétermination.
Membres du Conseil et autres États : Les États-Unis ont soutenu la résolution et ont proposé d'accueillir des négociations; le Royaume-Uni et la France ont également appuyé le texte. Certains membres permanents se sont abstenus. Des diplomates européens et des observateurs ont estimé que la résolution modifiait la dynamique internationale sur ce dossier.
Revendications territoriales et questions bilatérales
La mise en avant du plan marocain a ravivé des discussions sur d'autres revendications avancées par Rabat concernant des territoires et des droits maritimes. Parmi les demandes évoquées figurent :
- le transfert du contrôle de l'espace aérien du Sahara actuellement géré par une entité espagnole basée aux Îles Canaries ;
 - une clarification par l'Espagne de sa position sur la souveraineté du Sahara occidental ;
 - la délimitation des espaces maritimes entre la côte atlantique marocaine et les îles Canaries, incluant des revendications sur les eaux adjacentes au Sahara ;
 - des mesures affectant les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, liées à des tensions douanières et de contrôle des passages frontaliers.
 
Sur ces points, les autorités espagnoles ont nié l'existence d'un accord de transfert d'espace aérien et des discussions formelles se poursuivent ou restent sans avancée décisive.
Évaluations et étapes à venir
La résolution ouvre une phase de négociations sur la base d'une proposition précise, mais elle ne règle pas les questions techniques et politiques liées à la mise en œuvre. Des éléments pratiques restent à définir, notamment le corps électoral, les modalités de mise en œuvre d'une éventuelle autonomie et les garanties pour les droits des populations concernées.
La prolongation du mandat de la Minurso vise à maintenir une présence onusienne pendant la période de négociation. La tenue de négociations et leur aboutissement dépendront de la participation effective des parties, de l'accord sur l'agenda et du traitement des points techniques qui ont fait l'objet de blocage historique.
Les positions restent divergentes entre États et acteurs régionaux, et la région suivra l'évolution du processus onusien et des interactions bilatérales entre les États concernés.








