Contexte
En novembre 2025, une enquête anticorruption a mis au jour un réseau de détournement et de blanchiment de fonds lié au secteur énergétique ukrainien. L'affaire a conduit à des perquisitions, à des interpellations et à des demandes de démission de deux ministres.
Enquête et déroulement
Le Bureau national anticorruption (NABU) et le Parquet spécialisé anticorruption (SAPO) ont conduit une opération d'enquête nommée « Midas », qui s'est étendue sur environ quinze mois. Les investigations ont porté sur des contrats conclus entre l'entreprise publique Energoatom et plusieurs sous-traitants privés. Les enquêteurs ont signalé l'existence d'un système organisé de rétrocommissions et de surfacturation permettant la collecte et la dissimulation de fonds.
Au cours de l'enquête, environ 70 perquisitions ont été menées dans plusieurs régions, et des documents, enregistrements et équipements informatiques ont été saisis. Cinq personnes ont été arrêtées et au moins sept personnes ont été mises en cause ou inculpées. Des gardes à vue et des placements en détention provisoire ont été décidés pour plusieurs suspects.
Les autorités estiment le montant des flux détournés à près de 100 millions de dollars. Des éléments présentés par les enquêteurs évoquent l'existence d'un « back-office » administratif destiné au blanchiment et à la redistribution de ces fonds.
Acteurs impliqués
Les investigations désignent plusieurs acteurs :
Timour Minditch, homme d'affaires et copropriétaire de la société de production Kvartal 95, est mis en cause pour son rôle présumé dans l'organisation, la circulation et la légalisation des fonds. Il aurait quitté le territoire ukrainien avant certaines opérations policières.
Des responsables d'Energoatom et des entreprises sous-traitantes figurent parmi les personnes visées par les perquisitions et les mises en cause pour surfacturation et collusion.
Guerman Galouchtchenko, ancien ministre de l'Énergie et, au moment de l'enquête, ministre de la Justice, est soupçonné d'avoir bénéficié d'avantages personnels en lien avec la supervision des flux financiers du secteur énergétique. Ses bureaux et son domicile ont fait l'objet de perquisitions.
Svitlana Gryntchouk, ministre de l'Énergie, a annoncé sa démission en réponse à la demande présidentielle. À ce stade, elle n'a pas été formellement mise en cause par les autorités judiciaires.
Mesures politiques et procédures
Le président a demandé le départ des ministres de l'Énergie et de la Justice. La cheffe du gouvernement a soumis au Parlement les demandes de démission des ministres concernées. Un vote parlementaire visant à entériner ces renvois a été annoncé par des députés.
Le parquet anticorruption a procédé à des mises en examen et à des placements en détention provisoire pour plusieurs personnes impliquées. La Première ministre a indiqué que le gouvernement préparait des propositions de sanctions visant des personnes mises en cause dans le dossier.
Par ailleurs, les autorités gouvernementales ont mis fin au mandat du conseil de surveillance d'Energoatom et ordonné un audit des contrats récents de l'entreprise publique.
Enjeux institutionnels et diplomatiques
L'affaire soulève des questions sur la gouvernance du secteur énergétique et sur la supervision des marchés publics en période de loi martiale, période pendant laquelle certains marchés peuvent être attribués sans appels d'offres. Elle s'inscrit également dans un contexte où la lutte contre la corruption est présentée comme un élément pris en compte dans les relations avec des partenaires internationaux et les processus d'intégration.
Des critiques antérieures avaient visé des tentatives gouvernementales visant à modifier le statut des principales institutions anticorruption. Ces tentatives ont fait l'objet d'un recul sous la pression de l'opinion publique et d'acteurs nationaux et internationaux.
Suites attendues
Les procédures judiciaires et les audits en cours doivent préciser l'ampleur des détournements, l'identité des responsables et les responsabilités politiques. Des décisions parlementaires sont attendues pour valider les démissions ministérielles et des mesures administratives ou pénales supplémentaires peuvent être engagées selon les suites de l'enquête.








