Contexte de la prédation du loup
Dans plusieurs régions françaises, notamment la Drôme provençale, la présence du loup pose des défis aux éleveurs d’ovins et de caprins. Les attaques du prédateur sur les troupeaux sont récurrentes et constituent une contrainte supplémentaire pour les professionnels de l’élevage. Certains éleveurs rapportent la nécessité de mettre en place des mesures de protection pour limiter les pertes et s’adapter à la cohabitation avec le loup.
Mise en place de la surveillance bénévole
Face à l’accroissement de la pression exercée par les loups, des dispositifs de surveillance se sont développés, dont Pastoraloup. Initié par l’association de protection des grands prédateurs Ferus, ce programme vise à fournir des volontaires formés pour seconder les éleveurs dans la protection de leurs troupeaux. Depuis trois ans, Nathalie Welker, éleveuse dans les Baronnies, fait appel à ce dispositif pour assurer une surveillance continue de ses animaux. Le recours à Pastoraloup permet de pallier l'absence de moyens pour employer un berger.
Le fonctionnement repose sur la présence humaine quotidienne à proximité des troupeaux afin de dissuader les loups. Chaque bénévole effectue généralement des missions d’une semaine. En 2025, 35 éleveurs participent au programme, contre une vingtaine l’année précédente, dans des territoires comme les Alpes, le Jura et la Bretagne. Soixante-trois nouveaux bénévoles ont été formés durant l’été précédent, portant le total à 189 personnes prêtes à intervenir.
Modalités de l'engagement bénévole
Les bénévoles interviennent de façon active : ils inspectent les filets de protection, assurent le comptage des animaux, analysent parfois des indices de présence de loups et participent à la gestion du parc de nuit électrifié. Leur présence vise avant tout à dissuader le loup et à limiter les risques d’attaques. L’expérience implique une vigilance de nuit et un relais quotidien entre équipes pour maintenir une surveillance constante, notamment pendant la période à risque accrue, telle que l’automne, lorsque les jeunes loups apprennent à chasser.
En l’absence de surveillance, des attaques peuvent survenir. Par exemple, en octobre 2023, l’éleveuse éprouva la perte de 17 bêtes lors d’une attaque consécutive à un départ non prévu d’une bénévole, mettant en évidence la nécessité d’un engagement soutenu et conscient des responsabilités.
Enjeux et perception sociale
Selon certains bénévoles, l’objectif n’est pas de prendre part aux débats sur la présence du loup, mais d’apporter une aide concrète aux éleveurs. Il existe toutefois une forte pression sociale ressentie par les éleveurs recourant à des programmes étiquetés « écologistes », ce qui peut freiner l’adhésion à ces dispositifs. Malgré ces tensions, le dispositif continue de s’étendre et d'assurer la protection de troupeaux jusqu’à la fin de la saison d’estive.
Adaptation des politiques publiques
Parallèlement à ces initiatives, des évolutions réglementaires ont eu lieu. L’Union européenne a récemment reclassé le loup, passant d’« espèce strictement protégée » à « protégée », ce qui facilite certaines mesures de régulation, dont le tir du prédateur. Pour l’année 2025, l’État français a autorisé l’abattage de 192 loups sur les 1 013 recensés sur le territoire, en réponse aux préoccupations des éleveurs tout en suscitant des réactions d’organisations en faveur de la biodiversité.
Conclusion
La gestion de la prédation du loup en zone d’estive mobilise désormais des citoyens bénévoles aux côtés des éleveurs, via des dispositifs associatifs, dans un contexte à la fois réglementaire et social en évolution. La coordination de la présence humaine et des solutions de surveillance vise à permettre une coexistence avec le prédateur tout en protégeant la viabilité des exploitations agricoles touchées.