Décision et dispositif
Le vendredi 17 octobre, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a annoncé la suspension des exportations de bovins vivants depuis la France pour une durée de quinze jours. Cette mesure vise à limiter la diffusion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) au sein des cheptels français.
Lors de l'annonce, la ministre a également précisé le renforcement des contrôles et des restrictions de mouvement des animaux dans les zones réglementées définies autour des foyers infectieux. Les rassemblements festifs impliquant des animaux et certains marchés à bestiaux dans les zones concernées ont été interdits pendant la période de suspension.
Contexte épidémiologique
Les autorités sanitaires ont identifié des foyers initiaux en Savoie et en Haute-Savoie, puis ont détecté des cas dans d'autres départements, notamment le Jura, l'Ain, le Rhône et les Pyrénées-Orientales. Le ministère a évoqué une probable implication de mouvements d'animaux, incluant des déplacements illicites, dans la propagation des foyers.
Des campagnes de vaccination ciblées et des abattages préventifs ont été engagés dans les zones touchées avant et pendant la suspension des exportations.
Mesures sanitaires et sanctions
Parmi les mesures annoncées figurent :
- l'obligation de vaccination dans les zones réglementées pour les élevages qui refuseraient la vaccination volontaire ;
- la possibilité de sanctions en cas de mouvements illégaux, incluant des amendes et le refus d'indemnités liées à l'abattage des troupeaux infectés ;
- le renforcement des contrôles vétérinaires autour des foyers et des axes de transit.
Réactions des organisations professionnelles
La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) a exprimé sa surprise, estimant que la décision avait été prise sans concertation préalable. La Confédération paysanne et la Coordination rurale ont demandé la généralisation de la vaccination à l'ensemble du cheptel et critiqué la politique d'abattage appliquée dans certains cas.
Des réunions entre le ministère et des représentants syndicaux ont été programmées pour aborder la stratégie vaccinale, les modalités d'abattage et les questions d'indemnisation.
Dimension commerciale et internationale
La filière d'exportation de bovins vivants représente une part significative des échanges : en 2024, la France a exporté environ 940 000 broutards (bovins de quatre à quinze mois) et 356 000 veaux de type laitier de moins de deux mois. Ces mouvements commerciaux s'effectuent principalement vers l'Espagne et l'Italie, pays qui ont également signalé des cas de DNC.
Le ministère a commandé un lot de vaccins (800 000 doses) pour renforcer la campagne vaccinale. Des discussions sont prévues à l'échelle européenne pour coordonner les règles de commerce intra-européen et les mesures sanitaires.
Impacts et enjeux opérationnels
Depuis le début de l'épisode épidémique, plusieurs centaines à plus d'un millier d'animaux ont été abattus pour contenir la maladie. La suspension temporaire des exportations soulève des questions sur le ravitaillement et le repeuplement des cheptels dans les zones ayant procédé à des abattages, ainsi que sur les conséquences économiques à court terme pour les exploitations concernées.
Des travaux sont en cours sur les modalités d'indemnisation des pertes liées à la DNC, sur les dérogations pour le transport et le regroupement d'animaux en estive, et sur les conditions de reprise des exportations après la période de suspension.
Suivi et suites attendues
Le gouvernement présente la suspension des exportations comme une mesure temporaire susceptible d'être levée si la situation sanitaire s'améliore. Des réunions nationales et européennes sont programmées pour évaluer l'état de situation, ajuster les mesures de contrôle et définir les conditions de reprise des échanges commerciaux.
La situation reste suivie par les autorités sanitaires, les services vétérinaires et les acteurs de la filière. Toute évolution des mesures fera l'objet d'annonces officielles.