Contexte
Fin septembre 2025, des manifestations ont eu lieu à Antananarivo et dans plusieurs villes malgaches en réaction aux coupures répétées d'eau et d'électricité. Le mouvement, appelé « Gen Z » par ses organisateurs sur les réseaux sociaux, a repris comme signe de ralliement le drapeau pirate issu du manga One Piece.
Déclenchement et déroulement des manifestations
L'appel à manifester a été diffusé sur les réseaux sociaux et le rassemblement a été interdit par le préfet d'Antananarivo, qui a invoqué un risque de troubles à l'ordre public. Malgré une présence importante des forces de sécurité et des barrages dès la matinée, des groupes de manifestants ont tenté de rejoindre le point de rendez-vous dans le quartier d'Ambohijatovo.
Les forces de l'ordre ont utilisé des grenades lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser les rassemblements. Des unités de la gendarmerie, dont le GSIS, ont été signalées en déplacement à bord de véhicules 4x4 et ont été accusées d'usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc contre des manifestants. Des arrestations ont été rapportées. Reporter Sans Frontières a dénoncé des violences policières envers au moins trois journalistes.
Au cours des violences, plusieurs commerces, agences bancaires et centres commerciaux ont été pillés ou vandalisés. Des incendies ont été déclarés dans des établissements commerciaux et aux domiciles de trois parlementaires proches du pouvoir. Une station du téléphérique récemment inaugurée a également été incendiée. Des pompiers ont été caillassés alors qu'ils tentaient d'éteindre un incendie touchant la maison d'une sénatrice, Lalatiana Rakotondrazafy.
Mesures prises et situation sécuritaire
Les autorités ont instauré un couvre-feu nocturne dans Antananarivo et dans d'autres villes, dont Antsiranana, Majunga, Toliara et Antsirabe, à des horaires définis par les préfets. Des écoles et établissements scolaires d'Antananarivo ont été fermés, et un vol commercial a été dérouté vers Maurice. Les ambassades ont émis des recommandations conseillant aux ressortissants de rester à domicile et d'éviter les déplacements.
Des vidéos et témoignages ont fait état d'incidents et de victimes dans plusieurs localités. Dans au moins une ville, Antsiranana, des images montrant des étudiants portant le corps d'une personne tuée pendant les troubles ont été diffusées et signalées aux autorités locales.
Réactions politiques
Le président Andry Rajoelina, en déplacement à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU au moment des événements, a condamné les pillages et les violences et a qualifié certaines actions d'actes de déstabilisation. Il a annoncé le limogeage du ministre de l'Énergie, estimant que ce dernier n'avait pas assuré ses responsabilités en matière d'approvisionnement.
Le mouvement Gen Z a appelé à une nouvelle manifestation depuis l'université d'Antananarivo vers le quartier d'Ambohijatovo, en demandant des rassemblements qualifiés de "pacifiques" et en appelant les participants à filmer les événements. Des autorités étrangères ont averti d'un risque d'extension des troubles à d'autres régions.
Conséquences sociales et économiques
Les incidents ont entraîné la fermeture de commerces, la mise à l'arrêt partielle d'activités économiques locales et des perturbations des services. Des distributeurs automatiques de billets ont été saccagés, des véhicules incendiés et des vitrines brisées.
Des manifestants ont déclaré protester principalement contre la rareté et les coupures d'eau et d'électricité, évoquant des délestages quotidiens d'environ douze heures et demandant le rétablissement des services et le respect de leurs droits fondamentaux.
Contexte socio-politique
Les événements s'inscrivent dans un contexte plus large: le président Andry Rajoelina avait été réélu lors d'un scrutin critiqué par l'opposition, et des indicateurs socio-économiques montrent une part importante de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Des observateurs et documents publics mettent en avant des questions de gouvernance, de perception de la corruption et de gestion des infrastructures essentielles.