Situation humanitaire à Gaza
Après près de 22 mois de conflit consécutifs à une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza fait l'objet d'une grave crise humanitaire, marquée par une dépendance quasi totale à l’aide internationale. L'Organisation des Nations Unies alerte sur un risque de famine généralisée dans le territoire, touché par une intense pression militaire et des besoins alimentaires croissants.
Visite de l’émissaire américain
Le 1er août, l’émissaire du président américain, Steve Witkoff, accompagné de l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Mike Huckabee, s’est rendu à Gaza. Cette visite, d’une durée de plus de cinq heures, visait à évaluer la distribution de l’aide humanitaire via la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), organisation soutenue par Israël et les États-Unis. L’objectif annoncé était d’établir un plan pour accroître l’acheminement de la nourriture et des aides médicales à la population de Gaza.
M. Witkoff a déclaré vouloir fournir aux autorités américaines une évaluation de la situation afin d’ajuster les mécanismes d’aide. Mike Huckabee a indiqué que la GHF avait servi environ 100 millions de repas sur une période de deux mois.
Mécanismes d’aide et critiques internationales
La GHF, mise en place à la fin du mois de mai après plusieurs mois de blocus humanitaire, gère une partie de la distribution d'aide, remplaçant partiellement les circuits organisés par les Nations Unies. Ce système a fait l’objet de critiques de la part de l’ONG Human Rights Watch (HRW), qui estime que la distribution militarisée de l’aide expose la population civile à des risques élevés en raison de violences lors des distributions. HRW qualifie ce dispositif de « militarisé » et évoque des incidents mortels lors de regroupements civils près des centres d’aide.
Selon l’ONU, 1 373 Palestiniens cherchant à recevoir de l’aide ont été tués depuis la mise en place du système GHF, en majorité par l'armée israélienne. Sur ce nombre, 859 décès sont survenus à proximité des sites tenus par la GHF. L’armée israélienne déclare enquêter sur ces événements.
Modalités d’acheminement de l’aide
Le retard ou le blocage de l’aide persistait, avec environ 6 000 camions humanitaires en attente d'autorisation pour entrer dans Gaza, selon l’UNRWA. Des largages aériens d’aide alimentaire ont été organisés par plusieurs pays, dont l’Espagne et la France, en réponse à la difficulté d'accès par voie terrestre. Toutefois, ces livraisons sont jugées coûteuses et limitées en comparaison au fret routier par les acteurs humanitaires.
Conséquences du conflit
Le bilan humain demeure très élevé. D’après la Défense civile de Gaza, au moins 22 Palestiniens ont été tués lors de frappes et de fusillades israéliennes pendant la période récente, dont plusieurs alors qu’ils attendaient de l’aide près de centres de distribution. Le ministère de la Santé à Gaza recense plus de 60 000 morts, principalement des civils, depuis le début de l’offensive israélienne. L’ONU déclare que les chiffres transmis par ce ministère sont fiables. Côté israélien, l’attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 219 personnes, pour la majorité des civils, et 251 personnes ont été enlevées, dont 49 restent otages à Gaza.
Réactions internationales et contexte diplomatique
Plusieurs pays, notamment en Europe, manifestent de l’intérêt pour la reconnaissance de l’État palestinien. Le Portugal, la France, le Royaume-Uni et le Canada ont mentionné cette éventualité, bien que cette initiative soit jugée principalement symbolique en raison du refus israélien. Par ailleurs, le chef de la diplomatie allemande et d'autres responsables soulignent la gravité de la situation humanitaire, appelant à un accès accru de l’aide.
Israël, pour sa part, rejette ces démarches en faveur d'une reconnaissance de la Palestine, y voyant une pression internationale susceptible de « récompenser le Hamas », qui administre la bande de Gaza depuis 2007.
Conclusion
La situation humanitaire à Gaza, aggravée par les restrictions d’accès à l’aide et la poursuite des hostilités, suscite de fortes préoccupations internationales. La visite d’un émissaire américain s’inscrit dans une dynamique visant à renforcer l'acheminement de l’aide mais soulève des questions sur l’efficacité et la sécurité des dispositifs actuels de distribution.