Faits
Le 23 juin 2015, une femme a été agressée le long d'une rivière à Poitiers alors qu'elle faisait du jogging. Elle a subi des blessures et des violences sexuelles. Un tournevis a été retrouvé sur les lieux et des traces d'étranglement ont été relevées.
Enquête initiale
Au cours de l'enquête, un profil ADN masculin a été prélevé sur la scène. Ce profil ne correspondait à aucun enregistrement du fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Faute d'identification, l'enquête n'avait pas permis d'aboutir et le dossier a été classé puis repris ultérieurement par le pôle des crimes sériels ou non élucidés (PCSNE), dit pôle "cold cases", à Nanterre.
Réexamen et recours à la généalogie génétique
En juin 2025, la juge d'instruction du PCSNE a émis une commission rogatoire internationale à destination des États-Unis en vue de comparer l'extrait d'ADN masculin inconnu avec des bases de données disponibles dans ce pays. Les bases issues de tests de généalogie génétique grand public sont interdites en France. Selon le parquet, les analyses réalisées conformément à la législation américaine ont révélé des correspondances génétiques avec des individus susceptibles d'être des ascendants de l'auteur présumé des faits.
Les investigations menées à partir de ces correspondances ont permis d'identifier un ou plusieurs proches susceptibles d'orienter la recherche vers un auteur potentiel. Ces investigations ont conduit à l'interpellation d'un homme en décembre 2025.
Analyses et procédure judiciaire
Au cours de la garde à vue, des analyses génétiques ont été effectuées et ont confirmé que le profil ADN de la personne interpellée correspondait à l'empreinte inconnue retrouvée sur les lieux de l'agression. L'intéressé, mineur au moment des faits, a reconnu être l'auteur des faits.
Il a été mis en examen pour tentative de meurtre accompagnée ou suivie d'un autre crime et pour viol, puis placé en détention provisoire. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Précédent procédural
L'utilisation de la généalogie génétique à des fins d'enquête avait déjà été employée en France dans une affaire antérieure : fin 2022, un homme identifié grâce à cette technique avec l'appui du FBI avait été mis en examen pour des faits d'enlèvement et de viol commis entre 1998 et 2008. Il s'était suicidé en détention provisoire.
Points juridiques et pratiques
La démarche exposée dans ce dossier a impliqué une coopération internationale et l'utilisation de bases de données étrangères, en conformité avec la législation applicable dans le pays tiers. Les procédures d'investigation se sont poursuivies dans le cadre de l'instruction judiciaire ouverte par le PCSNE.








