Frédéric Péchier, anesthésiste de 53 ans, est jugé à Besançon pour des empoisonnements présumés survenus dans deux cliniques. Selon le ministère public, 30 patients âgés de 4 à 89 ans auraient été visés entre 2008 et 2017. Le dossier porte sur des événements survenus à la clinique Saint‑Vincent et à la Polyclinique de Franche‑Comté.
Accusations présentées par le ministère public
Les représentantes du parquet, Thérèse Brunisso et Christine de Curraize, ont soutenu que l’ensemble des éléments rattachait les faits à Frédéric Péchier. Elles ont indiqué que, selon l’accusation, l’auteur aurait contaminé des poches de perfusion avec des substances telles que du potassium, des anesthésiques locaux, de l’adrénaline ou de l’héparine, provoquant des arrêts cardiaques ou des hémorragies chez des patients pris en charge par d’autres anesthésistes.
Les magistrates ont développé plusieurs arguments : Frédéric Péchier serait le seul dénominateur commun aux événements recensés dans les deux établissements, certaines séries d’événements auraient coïncidé avec ses périodes de présence, et des indices matériels et comportementaux (accès aux postes de perfusion, découverte d’objets sur les lieux dans au moins un cas) auraient rapproché les enquêtes de sa responsabilité. Elles ont cité en particulier le cas d’un patient, Jean‑Claude Gandon, victime d’un arrêt cardiaque déclaré le 20 janvier 2017 à la clinique Saint‑Vincent, pour lequel elles estiment que des erreurs commises ce jour‑là ont laissé des traces utiles à l’enquête.
Les représentantes du parquet ont présenté ces éléments comme constituant un faisceau probant conduisant à l’accusé et ont exposé un mobile retenu par l’accusation : la volonté, selon elles, de nuire à des collègues avec lesquels il était en conflit.
Positions de l’accusé
Frédéric Péchier a nié être l’auteur des empoisonnements tout au long de l’instruction et du procès. Lors de l’enquête, il a toutefois reconnu que, parmi les 30 dossiers qui lui sont imputés par l’accusation, 12 présentaient des caractéristiques d’empoisonnement, dont cinq se sont soldés par des décès, sans admettre être responsable de ces faits.
Arguments de la défense
La défense, menée notamment par l’avocat Randall Schwerdorffer, conteste la qualification retenue par le ministère public et remet en cause certains éléments du mobile évoqué par l’accusation. L’avocat plaide en faveur de l’acquittement et conteste la démonstration d’un lien direct et exclusif entre les actes reprochés et son client.
Déroulement procédural
Le procès, qui s’est tenu à Besançon sur plusieurs semaines, a donné lieu aux réquisitions du ministère public. L’accusé comparaît libre et encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu dans le calendrier de la cour d’assises, la procédure prévoyant une décision avant la date annoncée par la juridiction.








