Contexte
La France a annoncé qu'elle reconnaîtrait l'État palestinien lors d'une session des Nations unies prévue le 22 septembre 2025. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'initiatives diplomatiques visant à relancer la solution à deux États.
L'appel d'Olivier Faure
Le 14 septembre 2025, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a publié sur le réseau social X un message appelant les mairies à afficher le drapeau palestinien le 22 septembre, date de la reconnaissance annoncée par la France : « Le 22 septembre, quand la France reconnaîtra enfin l’État palestinien, faisons flotter le drapeau palestinien sur nos mairies. »
En réponse à un internaute qui faisait observer que cette date coïncidait avec Rosh Hachana, Olivier Faure a écrit : « Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le Nouvel an juif et l’an 1 d’un État palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort. »
Réactions publiques et politiques
Plusieurs responsables politiques et représentants communautaires ont réagi au message d'Olivier Faure.
- Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l'Intérieur, a rappelé que des décisions de justice avaient ordonné le retrait de drapeaux palestiniens apposés sur des frontons de mairies, au motif d'une atteinte au principe de neutralité des services publics.
- Des élus et responsables au sein de formations politiques ont exprimé leur désaccord ou leur soutien selon leurs positions. Par exemple, un député du Rassemblement national a critiqué l'appel et d'autres élus de gauche ont indiqué qu'ils pourraient afficher le drapeau ou combiner plusieurs drapeaux (Palestine, Israël, drapeau de la paix) au sein de certaines mairies.
- Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a demandé « l'apaisement » et a comparé cette initiative à d'autres gestes symboliques relatifs à des reconnaissances d'États ou à la situation des otages retenus.
- Le président du Consistoire central, Elie Korchia, et d'autres représentants de la communauté juive ont critiqué certains propos du responsable socialiste en les considérant comme problématiques.
- Jean-Luc Mélenchon, dirigeant d'un autre mouvement politique, a publiquement appelé Olivier Faure à résister aux provocations et a signalé l'intensité des réactions auxquelles le sujet est exposé.
Actions municipales et décisions judiciaires antérieures
Plusieurs maires ont déjà tenté d'apposer des drapeaux palestiniens sur le fronton de leurs municipalités. En juin 2025, des drapeaux exhibés à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et à Mitry-Mory (Seine-et-Marne), entre autres, ont été enjointes à être retirés par les autorités administratives, décision confirmée par des juridictions administratives saisies en référé. Les préfets ont invoqué le principe de neutralité des services publics pour demander ces retraits.
La jurisprudence administrative qui sert de référence remonte notamment à une décision du Conseil d'État de 2005 relative à un drapeau indépendantiste en Martinique. Le Conseil d'État y a jugé que le principe de neutralité des services publics s'oppose à l'apposition sur des édifices publics de signes exprimant des revendications d'opinions politiques, religieuses ou philosophiques.
Parallèlement, des tribunaux administratifs ont autorisé l'affichage du drapeau ukrainien dans de nombreuses communes à partir de 2022 en fondant leur décision sur le contexte national et le soutien diplomatique et humanitaire apporté par l'État français. Cet exemple a été invoqué dans les échanges publics pour soutenir la légalité d'un affichage exceptionnel lié à la reconnaissance officielle d'un État.
Enjeux juridiques et administratifs
La question de la légalité d'un pavoisement temporaire pour marquer une reconnaissance diplomatique dépend de l'appréciation par les autorités administratives et, le cas échéant, par les juridictions. Les éléments pris en compte comprennent le principe de neutralité des services publics, le contexte national de la décision diplomatique et les précédents jurisprudentiels.
Si des mairies choisissent d'afficher un drapeau palestinien le 22 septembre 2025, les préfets ou des tiers pourraient saisir le juge administratif en référé pour demander le retrait, comme cela a été fait lors d'opérations similaires précédentes.
Éléments de suivi
Les réactions politiques et administratives annoncées après l'appel d'Olivier Faure laissent supposer que la question pourra donner lieu à des interventions des préfets et à des saisines judiciaires si des drapeaux sont apposés sur des façades communales. Des maires ont indiqué des positions diverses : certains ont déclaré leur intention d'afficher le drapeau palestinien, d'autres d'afficher simultanément plusieurs drapeaux, et d'autres encore de s'abstenir.
La situation reste soumise à l'évolution des décisions administratives et judiciaires et à l'application du principe de neutralité des services publics.