Contexte
La cour d'assises du Tarn a repris l'examen du dossier relatif à la disparition de Delphine Jubillar, infirmière portée disparue depuis la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Son conjoint, Cédric Jubillar, est jugé pour meurtre. Il conteste les faits et est placé en détention provisoire depuis sa mise en examen en juin 2021.
Déroulé de l'enquête et conférence de presse
L'enquête a conduit à la mise en examen de M. Jubillar et à plusieurs moments de procédure médiatisés. Le 18 juin 2021, Dominique Alzéari, alors procureur de la République à Toulouse, a tenu une conférence de presse. Il y a exposé des éléments de l'instruction, évoquant notamment des propos du fils du couple, l'existence d'une dispute la nuit des faits, des observations liées à l'utilisation d'appareils numériques et des premières constatations réalisées sur place.
Citation comme témoin et objet de l'audience
La défense de Cédric Jubillar a demandé l'audition de M. Alzéari comme témoin, estimant que sa conférence avait porté atteinte à la présomption d'innocence de l'accusé. La convocation d'un ancien procureur en qualité de témoin est rare. À l'ouverture de la deuxième semaine du procès, la cour a diffusé l'enregistrement de la conférence du 18 juin 2021 avant d'entendre le magistrat.
Déclarations du magistrat à la barre
Devant la cour, Dominique Alzéari a expliqué qu'il avait présenté des éléments dont il disposait à ce stade de l'instruction, distincts des preuves, et qu'il souhaitait limiter la propagation d'informations erronées. Il a reconnu d'éventuelles approximations sur certains points et affirmé s'appuyer sur les informations qui lui avaient été transmises.
Points soulevés par la défense
Les avocats de la défense ont relevé des formulations et des détails publiquement diffusés qu'ils jugent inexacts ou inappropriés : horaires d'appels, comptes rendus d'auditions, mentions d'effets personnels trouvés ou lavés, appréciations sur la crédibilité de témoins, et interprétations de données issues d'appareils. Ils soutiennent que ces éléments ont influencé la perception médiatique du dossier.
Observations de la cour et des parties
L'avocat général a rappelé le devoir de communication du ministère public au moment de la mise en examen, tout en exprimant des réserves quant à l'utilité de la convocation. Des avocats de parties civiles ont estimé que l'audition ne modifierait pas l'appréciation globale du dossier, alors que la défense a présenté l'audition comme visant à mettre en lumière des imprécisions.
Éléments techniques examinés
La cour a entendu des experts sur l'exploitation des données téléphoniques et des archives numériques. Un expert a analysé les échanges entre le téléphone de la personne disparue et les antennes relais, concluant que l'appareil était demeuré dans une zone proche du domicile la nuit des faits. Un autre expert a souligné les limites liées à l'absence de l'appareil physique et aux archives conservées par des services en ligne : certaines actions sur un appareil ne laissent pas nécessairement de trace exploitable.
Premières auditions et suite du procès
La première semaine d'audience avait vu l'interrogatoire du directeur d'enquête, le major de gendarmerie Bernard Lorvellec, qui a estimé que, selon lui, les éléments recueillis orientent vers M. Jubillar. La défense a contesté la méthode et l'exhaustivité de certaines investigations. La cour doit encore entendre d'autres témoins, experts et membres de la famille, puis les plaidoiries des parties.
Poursuite de la procédure
Les débats se poursuivent sur plusieurs journées d'audience. Après l'ensemble des auditions et des plaidoiries, le jury et les magistrats délibéreront et se prononceront conformément aux règles de la cour d'assises.