Contexte
Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a publié le 7e rapport sur l'avenir de l'environnement le 9 décembre 2025. Ce rapport constitue une mise à jour scientifique des enjeux environnementaux mondiaux; la précédente édition remontait à 2019. Le rapport comprend un "résumé pour les décideurs" (condensé politique) d'environ 1 000 pages de texte politique, qui doit normalement être validé ligne par ligne par les États membres avant publication.
Processus de négociation
Des représentants des États se sont réunis à la fin d'octobre en amont de l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement, tenue à Nairobi, pour approuver le résumé pour les décideurs. Les négociations sur ce document suivent la pratique habituelle du PNUE, qui consiste à soumettre chaque passage à l'examen et à l'accord des gouvernements.
Points de désaccord
Pour la première fois depuis le début des publications en 1997, les États membres n'ont pas réussi à s'accorder sur le résumé pour les décideurs. Les désaccords ont porté notamment sur les références à la sortie des énergies fossiles; l'Arabie saoudite et les États-Unis se sont opposés à ces références, selon un compte rendu du PNUE. D'autres oppositions ont concerné des passages sur les questions de genre et sur la mention des subventions jugées néfastes pour l'environnement.
La directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, a qualifié la situation de "regrettable". Une source diplomatique française a évoqué des discussions "un peu difficiles" et des problèmes "sémantiques" pour certains États. Mme Andersen a reconnu des "désaccords significatifs" entre les pays et a exprimé le souhait que ce blocage ne crée pas de précédent pour d'autres processus multilatéraux.
Réactions des acteurs internationaux
À l'issue des négociations, l'Union européenne et le Royaume-Uni ont publié une déclaration conjointe exprimant leur regret face à ce qu'elles ont qualifié de "tentatives de diversion" de la part de certains pays, sans en nommer explicitement.
Ce blocage intervient après plusieurs négociations internationales ayant connu des difficultés: l'absence d'accord jusqu'à présent pour un traité visant à limiter la pollution plastique, les négociations sur la décarbonation des navires à l'Organisation maritime internationale (OMI) affectées par des pressions de divers États, et la clôture de la COP30 le 22 novembre par un consensus qualifié de modeste, sans feuille de route explicite pour la sortie des énergies fossiles.
Contenu et conclusions chiffrées du rapport
Le rapport évalue à environ 8 000 milliards de dollars par an les investissements nécessaires pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 et pour assurer les financements requis pour conserver et restaurer la biodiversité. Les auteurs indiquent que le coût de l'inaction serait supérieur aux investissements proposés et chiffrent des bénéfices économiques attendus d'un changement de modèle. Ces bénéfices sont présentés comme commençant à apparaître vers 2050, pouvant atteindre 20 000 milliards de dollars annuels d'ici 2070, puis jusqu'à 100 000 milliards annuels par la suite.
Le coprésident du groupe d'experts auteurs, Robert Watson, a souligné la nécessité d'une "transformation totale" du système énergétique et a indiqué qu'il fallait "éliminer l'utilisation des combustibles fossiles sur les prochaines décennies", tout en observant que le multilatéralisme semblait en difficulté.
Conséquences et enjeux
L'absence d'accord sur le résumé pour les décideurs prive les gouvernements et les acteurs publics et privés d'une version politiquement approuvée et consolidée du message scientifique du rapport. Les divergences exposent des points de tension entre priorités nationales liées aux secteurs des hydrocarbures, aux approches sociales (genre) et aux mesures économiques (subventions). Elles soulèvent également des questions sur la capacité des instances multilatérales à produire des documents consensuels lorsque des enjeux économiques et sectoriels entrent en conflit avec des recommandations scientifiques.








