Contexte
Boualem Sansal, écrivain franco-algérien âgé de 81 ans, a fait l'objet d'une détention en Algérie suivie d'une remise en liberté. Il avait été visé par des procédures judiciaires en Algérie à la suite d'une interview accordée au média Frontières, dans laquelle il évoquait, selon ses propos, l'intégration de certaines régions comme Oran et Mascara à l'Algérie dans le cadre de la colonisation française. Les autorités algériennes l'ont poursuivi notamment pour « atteinte à l'unité nationale ».
Arrestation et détention
Selon ses déclarations, l'arrestation est intervenue à son arrivée à l'aéroport d'Alger le 16 novembre 2024. Il rapporte avoir été menotté, conduit sans précision sur sa destination et maintenu pendant plusieurs jours sans information claire sur son lieu de détention ni sur ses interlocuteurs. Condamné dans le cadre de la procédure, il a été incarcéré pendant environ un an.
Conditions de détention et état de santé
Durant sa détention, Sansal décrit un isolement strict : restrictions de parole, limitations des contacts avec les autres détenus et absence d'avocat pendant une période initiale. Il a évoqué des difficultés psychologiques liées à l'enfermement et à la durée de son incarcération. Sur le plan médical, il indique avoir été traité pour un cancer de la prostate et s'est déclaré en bonne santé après des soins qu'il a qualifiés de « remarquables ». Selon ses récits, ces soins ont motivé un transfert médical ultérieur.
Procédure, transferts et remise en liberté
Selon ses témoignages, la procédure judiciaire s'est déroulée dans un contexte diplomatique tendu entre Alger et Paris, notamment après des prises de position françaises sur le Sahara occidental. Il affirme avoir été interrogé, avant sa sortie, par une personne décrite comme « très autoritaire », qui lui aurait demandé s'il continuerait à critiquer l'Algérie en cas de remise en liberté.
Il a été remis en liberté le 12 novembre 2025 et transféré initialement en Allemagne pour des soins médicaux, avant de regagner la France. Il déclare avoir été reçu à son retour par le président de la République française. Dans ses récits, il explique que sa libération a résulté de démarches et d'échanges entre autorités et qu'il a adressé plusieurs courriers au président algérien Abdelmadjid Tebboune pour solliciter sa libération.
Prise de parole publique et contraintes
Lors de sa première intervention télévisée depuis sa libération, enregistrée et diffusée le 23 novembre 2025 sur France 2, Boualem Sansal a dit contrôler « chacun de [ses] mots » en raison des enjeux diplomatiques et par crainte de répercussions sur sa famille et sur d'autres personnes détenues. Il a cité le cas du journaliste Christophe Gleizes et exprimé des préoccupations concernant des détenus politiques qu'il considère confrontés à des motifs similaires.
Il a expliqué limiter son expression publique pour éviter des conséquences sur ses proches et sur d'autres personnes encore incarcérées. Il a également affirmé n'avoir eu aucun entretien avec les services de renseignement français à sa sortie.
Positions publiques et projets
Sansal a réaffirmé son souhait de réconciliation entre la France et l'Algérie, estimant que ce rapprochement n'a pas été pleinement réalisé après l'indépendance. Il attribue une partie des dynamiques ayant conduit à son arrestation à la conjoncture diplomatique, en particulier aux tensions liées au Sahara occidental, ainsi qu'à des facteurs nationaux comme l'ultranationalisme et des réactions à certains déplacements, notamment un voyage en Israël.
Il indique vouloir retourner en Algérie « le plus vite possible, si on le lui permet », pour récupérer des effets personnels, en précisant que son ordinateur et son téléphone sont entre les mains de la justice. Il annonce également son intention de reprendre l'écriture, affirmant que cela constitue sa manière de vivre.
Éléments de procédure et de contexte diplomatique
Les autorités algériennes ont communiqué des actes judiciaires et des décisions relevant de leur cadre légal national. Les récits de Sansal situent son affaire dans un contexte de tensions bilatérales entre Alger et Paris, liées tant à des positions politiques sur le Sahara occidental qu'à des échanges diplomatiques plus larges. Ces tensions se sont déroulées parallèlement à des démarches de gouvernements étrangers et à des contacts diplomatiques évoqués par l'intéressé.








