Dans un avis basé sur l’analyse des études scientifiques existantes, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a conclu à l’existence d’un lien causal entre les expositions professionnelles aux vapeurs, gaz, particules et fumées (VGPF) et le développement de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Définition et manifestations
La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire caractérisée par une obstruction bronchique non entièrement réversible. Les symptômes comprennent un essoufflement progressif, une toux chronique et des épisodes d’infections respiratoires. La maladie entraîne un déclin accéléré de la fonction respiratoire et peut s’accompagner d’affections comorbides, notamment des infections pulmonaires et des atteintes cardiovasculaires. En raison d’une évolution souvent lente et peu spécifique, la BPCO est fréquemment sous-diagnostiquée.
Agents exposants
L’indicateur VGPF regroupe plusieurs catégories d’agents présents dans l’air :
- particules minérales (par exemple silice, charbon),
- particules organiques (végétaux, moisissures),
- gaz, vapeurs et fumées issus de réactions thermiques ou chimiques, d’actions mécaniques ou de la combustion de matériaux.
Ces agents peuvent être émis lors de processus industriels ou agricoles et rester en suspension dans l’air ambiant des lieux de travail.
Secteurs et travaux à risque
Les expositions concernent de nombreux secteurs d’activité, parmi lesquels : mines et carrières, travaux du bâtiment et des travaux publics, fonderies, sidérurgie, cokeries, industries textile et chimique, et agriculture. L’Anses identifie également des travaux spécifiques exposants, tels que la manipulation de végétaux, les interventions dans des locaux hébergeant des animaux, et les procédés de meulage ou de ponçage où la dégradation thermique disperse des particules.
Données épidémiologiques et facteurs de risque
Le tabagisme, y compris l’exposition au tabagisme passif, reste le principal facteur de risque connu de la BPCO. Des études estiment toutefois qu’environ 15 % des cas de BPCO peuvent être attribuables à des expositions professionnelles. Certaines filières agricoles et industrielles présentent un risque accru de survenue de la pathologie en lien avec les agents atmosphériques identifiés.
Reconnaissance en tant que maladie professionnelle
La reconnaissance d’une affection comme maladie professionnelle repose sur sa mention dans des tableaux du régime général ou agricole de la Sécurité sociale ou, en l’absence de tableau applicable, sur l’examen du dossier par un comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP). Des tableaux existants couvrent actuellement des situations limitées, notamment les infections respiratoires liées à l’inhalation de poussières de textile végétal et la BPCO de certains mineurs. Lorsqu’aucun tableau ne s’applique, le travailleur doit établir un lien direct et essentiel entre son exposition professionnelle et la pathologie.
L’Anses recommande d’engager la discussion sur la création d’un tableau unique de maladie professionnelle pour la BPCO afin de faciliter les démarches de reconnaissance. La création ou la modification de tableaux fait l’objet de débats entre représentants des travailleurs et des employeurs et progresse lentement par rapport aux évolutions des connaissances scientifiques.
Dépistage et prise en charge
L’Anses souligne la nécessité d’un meilleur dépistage et d’une prise en charge plus précoce de la BPCO, notamment par le médecin généraliste et la médecine du travail, afin de réduire le sous-diagnostic et d’intervenir avant une altération significative de la capacité respiratoire. L’agence met en avant l’importance de la prévention des expositions professionnelles aux VGPF dans les milieux de travail.








