Contexte
Le 19 octobre, plusieurs bijoux et joyaux de la Couronne exposés dans la galerie d'Apollon du musée du Louvre ont été dérobés par un groupe d'hommes. Huit pièces de la collection, évaluées à environ 88 millions d'euros, ont été emportées. Deux objets abandonnés par les auteurs lors de leur fuite ont été récupérés, dont la couronne de l'impératrice Eugénie qui a fait l'objet d'une mise à l'abri.
Selon les éléments d'enquête rendus publics, les auteurs ont accédé à la galerie à l'aide d'un camion-nacelle volé en amont, garé au pied du bâtiment, puis ont été hissés jusqu'à la hauteur des vitrines. Ils ont pris la fuite sur des scooters, puis vers une voiture relais sur l'autoroute A6. Les auteurs ont tenté d'incendier la nacelle après les faits.
Enquête judiciaire et interpellations
Une enquête judiciaire a été ouverte pour retrouver les bijoux et identifier l'ensemble des protagonistes. Les investigations ont mobilisé une centaine d'enquêteurs et plusieurs services spécialisés, dont l'office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC).
Des traces ADN et des images de vidéosurveillance ont servi à l'identification de personnes mises en cause. Au total, sept personnes ont été interpellées à ce stade. Deux hommes, arrêtés plus tôt, ont été mis en examen et placés en détention provisoire pour vols en bande organisée et association de malfaiteurs. Cinq autres personnes ont fait l'objet d'un second coup de filet; l'une d'elles a été présentée par le parquet comme « un des objectifs des enquêteurs » en raison de traces ADN le liant aux faits. Les perquisitions réalisées n'ont pas permis de retrouver les bijoux.
La procurure de Paris a indiqué que l'enquête examine plusieurs hypothèses concernant la destination des pièces volées, notamment la revente sur des marchés parallèles ou l'utilisation comme marchandise de blanchiment. Les autorités judiciaires ont précisé que la coopération des personnes détentrices éventuelles pourrait être prise en compte dans l'instruction.
Enquête administrative et constats provisoires
À la suite du vol, une enquête administrative d'urgence a été conduite par l'inspection générale des affaires culturelles (Igac) pour analyser l'organisation et les dispositifs de sûreté du musée. Le rapport provisoire, cité par la ministre de la Culture, relève plusieurs constats : une sous-estimation durable du risque d'intrusion et de vol, un sous-équipement des dispositifs de sécurité, une gouvernance inadaptée aux risques et des protocoles de réaction jugés obsolètes.
Ces constats ont été présentés comme fondement des mesures d'urgence annoncées par la ministre. Le rapport provisoire n'a pas été rendu public intégralement dans la communication ministérielle.
Mesures annoncées et calendrier affiché
La ministre de la Culture a annoncé des actions visant à renforcer la sécurité du musée et de ses abords. Les mesures annoncées incluent :
- l'installation de dispositifs anti-voiture-béliers et d'équipements anti-intrusion sur la voie publique, ainsi que de caméras périmétriques ;
- la réalisation d'un audit global sur les risques d'intrusion et de vol ;
- la mise à jour des protocoles et procédures internes en matière de sûreté et de réaction aux intrusions ;
- la création, au sein de la direction du musée, d'une nouvelle direction de la sûreté et de la sécurité rattachée à la présidence ;
- l'obligation de formation des agents affectés à la sécurité ;
- la convocation d'un conseil d'administration en urgence pour revoir la gouvernance de l'établissement.
La ministre a indiqué que certains dispositifs extérieurs de protection devaient être mis en place « avant la fin de l'année ». La présidence du Louvre a déclaré que le premier des équipements anti-béliers préconisés antérieurement était en cours d'installation.
Réactions et suites attendues
Des organisations syndicales du musée ont signalé des difficultés antérieures liées aux effectifs et à l'état des systèmes de sûreté, évoquant notamment un sous-dimensionnement humain et des défaillances techniques. Les autorités ont annoncé que les protocoles seraient actualisés et qu'un rapport définitif de l'enquête administrative serait remis prochainement.
Sur le plan judiciaire, l'enquête se poursuit pour identifier l'ensemble des intervenants, localiser les objets volés et établir les responsabilités. Les services impliqués continuent d'examiner les éléments techniques et téléphoniques, ainsi que les pistes de commercialisation illicite des pièces volées.








