Résumé
Un affrontement à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge a entraîné des frappes visant des casinos et complexes hôteliers accusés d'abriter des centres d'escroquerie en ligne et des victimes de traite humaine. Des acteurs internationaux et organisations de défense des droits demandent des évacuations et des enquêtes sur d'éventuelles violations des droits humains.
Contexte
Des réseaux criminels transnationaux se sont développés en Asie du Sud-Est en opérant souvent sous couvert de zones commerciales, de casinos ou d'hôtels, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC). Le Cambodge abriterait des dizaines de centres où environ 100 000 personnes, souvent considérées comme victimes de traite humaine, seraient employées dans des escroqueries en ligne. Ces activités génèrent des flux financiers importants et posent des problèmes de sécurité et de protection des personnes.
Opérations et frappes près de la frontière
Depuis le début des affrontements, au moins quatre casinos situés en zone frontalière ont été touchés par des frappes ou des opérations militaires. Les autorités thaïlandaises ont confirmé avoir mené des attaques contre trois établissements, affirmant disposer de renseignements indiquant que certains sites étaient utilisés à des fins militaires, notamment comme dépôts d'armes ou positions de tir.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a signalé que les personnes exploitées dans ces centres étaient exposées à un risque accru du fait des combats et a appelé à leur évacuation immédiate et à la protection des civils vulnérables.
Déclarations officielles et réponses nationales
À Bangkok, des responsables thaïlandais ont indiqué que les casinos servant de couverture à des opérations frauduleuses seraient considérés comme des « centres d'escroquerie » et devraient être visés. L'armée thaïlandaise a fait état de renseignements soutenant l'usage militaire de certains établissements.
Du côté cambodgien, Ros Phirun, secrétaire général de la Commission des jeux commerciaux, a affirmé que les autorités prenaient des « mesures concrètes » pour lutter contre ces activités illégales et a qualifié les frappes thaïlandaises d'« totalement illégales ». Phnom Penh a appelé au respect de la souveraineté et à des réponses conformes au droit international.
Amnesty International a publié un rapport dénonçant des atteintes aux droits humains « à grande échelle » dans ces centres et a estimé que la réaction limitée des autorités pouvait laisser entendre une forme de complicité ou de tolérance de la part de certains responsables.
Cas d'O'Smach et acteurs mentionnés
Le complexe d'O'Smach, identifié par des enquêtes comme l'un des centres d'escroquerie, a été frappé. Selon un communiqué de l'ONU, au moins un civil a été tué et deux autres blessés lors de cet incident. Le complexe est lié au conglomérat L.Y.P Group, dirigé par le sénateur Ly Yong Phat, sanctionné par les États-Unis en 2024 pour son implication présumée dans des violations des droits humains. Les autorités thaïlandaises ont également émis un mandat d'arrêt à son encontre.
Enjeux humanitaires et position des experts
Des experts estiment que des milliers de personnes victimes de traite pourraient se trouver dans les établissements visés. Ils recommandent des mesures judiciaires et financières — par exemple la saisie d'actifs — pour affaiblir les réseaux d'escroquerie plutôt que des frappes militaires. Les spécialistes avertissent que des opérations transfrontalières risquent d'aggraver les tensions bilatérales et d'entraîner des conséquences humanitaires graves.
Conséquences et points de tension
Les frappes contre des casinos situés sur le territoire cambodgien ont accentué les tensions entre Bangkok et Phnom Penh, soulevant des questions sur la protection des victimes de traite, la souveraineté territoriale et la réponse juridique et sécuritaire appropriée face aux réseaux de cyberfraude. Les appels internationaux insistent sur la nécessité d'évacuer et de protéger les personnes vulnérables présentes dans ces sites, d'enquêter sur d'éventuelles violations des droits humains et de poursuivre les responsables des réseaux criminels par des moyens légaux et coordonnés.








