Contexte
Depuis la prise de pouvoir par une coalition islamiste en décembre 2024, des affrontements ont opposé les autorités syriennes et des forces kurdes dans le nord et le nord-est du pays. En mars 2025, Damas et les représentants kurdes ont signé un accord visant à intégrer les institutions civiles et militaires de l’administration autonome kurde dans les institutions nationales. La mise en œuvre de cet accord a connu des retards en raison de divergences entre les parties.
Affrontements à Alep
Des combats ont eu lieu à Alep entre des quartiers à majorité kurde et des zones tenues par les forces gouvernementales. Les échanges d’obus et bombardements attribués par des médias d’État aux forces kurdes ont fait au moins deux morts, dont un membre des forces de sécurité intérieure et un civil. Ces incidents ont entraîné des déplacements de population: des habitants ont quitté les quartiers de Cheikh Maqsoud et Achrafieh, et les accès à ces quartiers ont été restreints.
Les forces démocratiques syriennes (FDS) ont nié avoir lancé des attaques contre les forces gouvernementales et ont accusé des factions favorables au pouvoir central d’avoir imposé un siège aux quartiers kurdes et d’avoir tenté d’y progresser avec des blindés. Les FDS ont indiqué que des habitants avaient pris les armes pour se défendre aux côtés de forces kurdes locales liées aux FDS et à leurs forces de sécurité, les Assayich. Ces unités s’étaient retirées de ces quartiers en avril 2025 dans le cadre d’un accord de désengagement conclu avec le gouvernement.
Rencontre à Damas et annonce du cessez-le-feu
Le 7 octobre 2025, une rencontre s’est tenue à Damas entre le président intérimaire Ahmad al-Chareh et le chef kurde Mazloum Abdi, en présence d’émissaires américains. Le ministre syrien de la Défense, Mourhaf Abou Qasra, a déclaré s’être réuni avec Mazloum Abdi et a annoncé la conclusion d’un "cessez-le-feu global sur l’ensemble des axes et points de déploiement militaires dans le nord et le nord-est de la Syrie", ajoutant que la mise en œuvre de l’accord débuterait immédiatement.
Selon des déclarations liées à la réunion, le commandant militaire américain pour le Moyen-Orient (CENTCOM), l’amiral Brad Cooper, et l’émissaire Tom Barrack ont assisté en tant que médiateurs. La présidence syrienne a indiqué que le président intérimaire avait évoqué avec eux les moyens de soutenir le processus politique.
Accords et points en suspens
Lors des échanges à Damas, les mécanismes d’intégration des Forces démocratiques syriennes au sein de l’armée syrienne ont été abordés. Malgré l’accord de mars 2025, des divergences importantes persistent entre Damas et les autorités kurdes, ce qui a retardé la mise en œuvre complète des dispositions prévues.
Deux provinces du nord-est sous contrôle kurde avaient été exclues par le pouvoir central d’une consultation organisée pour désigner un Parlement transitoire, ce qui reflète des désaccords institutionnels et politiques non résolus.
Situation sur le terrain et perspectives
Le cessez‑le‑feu annoncé vise à suspendre les actions militaires sur les axes et points de déploiement identifiés dans le nord et le nord‑est de la Syrie. La mise en œuvre effective et la durée de la trêve dépendront des mesures concrètes prises par les parties pour appliquer les mécanismes d’intégration et lever les obstacles à la coopération. Des affrontements sporadiques entre forces kurdes, forces gouvernementales et factions affiliées ont été signalés dans plusieurs régions du nord du pays au cours des mois précédents, ce qui constitue un facteur de risque pour la stabilité de la trêve.