Contexte du classement
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a récemment inscrit deux substances dérivées de la kétamine, l’O-PCE (N-éthyldeschlorokétamine ou 2’-OXO-PCE ou éticyclidone) et le DCK (deschlorokétamine ou 2’-OXO-PCM ou DXE), sur la liste des stupéfiants. Cette mesure, effective à partir du 31 juillet 2025, fait suite à une augmentation du nombre de cas d’intoxication associés à ces substances, considérées comme des nouveaux produits de synthèse (NPS) ou analogues de la kétamine.
Utilisation et mode de distribution
Ces dérivés sont généralement synthétisés dans des laboratoires clandestins et sont commercialisés sur Internet sous différentes présentations, notamment poudre, cristaux, gélules, comprimés ou sprays. Leur usage principal est récréatif, en dehors de tout cadre médical. Comme la kétamine d’origine, ils sont consommés par voie orale, nasale ou rectale.
Effets pharmacologiques et risques pour la santé
O-PCE et DCK présentent une structure chimique et des effets pharmacologiques similaires à la kétamine, qui est réglementée comme anesthésique pour usages humain et vétérinaire. Utilisées à faible dose, ces substances peuvent provoquer des effets psychoactifs ainsi que des troubles psychostimulants et dissociatifs. À plus forte dose, des hallucinations, des états dissociatifs, des délires de persécution, des convulsions ou des pertes de conscience peuvent survenir.
Le rapport du Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance-addictovigilance (CEIP-A) à Marseille relève que la majorité des 39 cas déclarés entre 2017 et 2023 sont graves (66 %) et nécessitent parfois une hospitalisation. Les complications répertoriées incluent des troubles de la conscience, mouvements anormaux, agitation, hallucinations, ainsi que des complications hépatiques et rénales potentielles.
Augmentation des cas et mortalité
Entre 2020 et 2023, six décès liés à la consommation de dérivés de kétamine ont été identifiés selon l’enquête DRAMES, soulignant un risque d’overdose élevé et potentiellement mortel. Le risque est aggravé en cas de polyconsommation, c'est-à-dire lorsque les dérivés sont utilisés en association avec d’autres substances psychoactives.
Détection et difficultés de prise en charge
Ces substances sont souvent méconnues et leur présence n’est pas détectable dans les tests urinaires classiques, ce qui complique leur identification et le traitement des intoxications. Les techniques d’analyse nécessitent le recours à des méthodes chromatographiques couplées à la spectrométrie et à des dispositifs d’identification spécifiques.
Encadrement réglementaire
L’inscription d’O-PCE et de DCK sur la liste des stupéfiants interdit à présent leur production, leur distribution et leur usage en France. D’autres pays européens, tels que l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse et la République tchèque, ont également pris des mesures similaires. La 2-FDCK (2-fluorodeschlorokétamine) fait l’objet d’un classement séparé depuis août 2024.
Signes d’intoxication et recommandations
Les signes d’une intoxication incluent une sensation de malaise, des troubles de la conscience, des convulsions, une agitation ou des délires. Toute situation suspecte nécessite de contacter les services d’urgence. En cas de consommation répétée, un arrêt brutal expose à un syndrome de sevrage avec anxiété, troubles du sommeil et risques de complications urinaires et hépatiques.
Considérations épidémiologiques
La surveillance et la détection des NPS représentent un enjeu pour les autorités sanitaires et les laboratoires d'analyses, compte tenu du renouvellement rapide de ces substances et des difficultés liées à leur identification dans les échantillons saisis ou biologiques.








