Mesures de vigilance annoncées
Le ministre de l’Intérieur a demandé aux préfets et aux responsables de la sécurité de renforcer les mesures de vigilance à l'approche des commémorations du 13-Novembre. Ces consignes ont porté une attention particulière aux salles de concert et aux manifestations festives d'ampleur et ont prévu un dispositif adapté impliquant les forces de sécurité intérieure et les militaires de l'opération Sentinelle. Le ministre a également signalé la nécessité de se prémunir contre toute tentative d'ingérence étrangère visant à profiter de l'organisation des commémorations. Ces mesures ont été précisées pour la période du 10 au 16 novembre.
Contexte et rappel des attaques de 2015
Les consignes de sécurité interviennent dans le contexte des attentats du 13 novembre 2015, lorsque des commandos affiliés au groupe État islamique ont visé plusieurs lieux à Paris et en Seine-Saint-Denis, dont le Stade de France, des terrasses de cafés et la salle du Bataclan. Ces attaques ont fait 130 morts et de nombreux blessés. Dans le prolongement des opérations de police de novembre 2015, une intervention des unités d'élite a eu lieu le 18 novembre 2015 dans un immeuble de Saint-Denis lié aux auteurs des attentats.
Évolution de la menace selon le procureur national antiterroriste
Le procureur national antiterroriste a estimé que la menace terroriste s'accroît et a présenté des données sur l'activité judiciaire et la nature des dossiers traités. Sur un total d'environ 540 procédures suivies par le parquet antiterroriste, la part relative au jihadisme représente 86 % de ces dossiers. Ces procédures comprennent environ 146 enquêtes préliminaires et 394 informations judiciaires, dans lesquelles environ 364 personnes sont mises en examen, dont environ 150 placées en détention provisoire.
Le procureur a indiqué que, sur l'année, quatre attentats ont été recensés sur le territoire national, dont trois liés au jihadisme et un lié à l'ultra-droite (affaire de Puget-sur-Argens). Il a également fait état de six attentats déjoués sur le territoire la même année. Selon ses observations, la nature de la menace a évolué : d'attaques projetées par des commandos étrangers vers des actions téléguidées, puis vers des passages à l'acte d'origine endogène, animés par des individus présents sur le territoire sans liens directs avec des organisations étrangères.
Rajeunissement des profils et diversification des menaces
Le parquet antiterroriste a signalé un rajeunissement marqué des personnes mises en examen pour des faits terroristes, avec une augmentation notable des mineurs concernés. Les chiffres cités font état d'une progression du nombre de mineurs mis en examen pour faits terroristes : passage de quelques cas annuels auparavant à des nombres plus élevés ces dernières années (exemples chiffrés évoqués : environ 15 mineurs en 2023, 19 en 2024 et 17 en 2025, au moment du bilan). Le procureur a également souligné le développement d'autres formes de radicalisation violente, notamment parmi des mouvances politiques radicales et l'ultra-droite, ainsi que des courants liés aux problématiques incel ou suprémacistes.
Démolition et reconversion d'un immeuble visé par l'assaut de 2015 à Saint-Denis
Un immeuble situé à l'angle du 48, rue de la République et de la rue du Corbillon à Saint-Denis a été démoli dans le cadre d'un projet de reconstruction. L'immeuble avait fait l'objet d'un assaut des forces de l'ordre le 18 novembre 2015, au terme duquel deux personnes recherchées en lien avec les attentats ont été neutralisées. L'îlot comprenant plusieurs bâtiments faisait l'objet de mesures administratives anciennes : premiers arrêtés d'interdiction d'habiter remontant aux années 1980, arrêtés de mise en sécurité à partir de 1999 et constats d'incendies en 2008 et 2012. Un arrêté préfectoral d'insalubrité irrémédiable a été pris en 2019 et confirmé par jugement en 2022.
La procédure d'acquisition et d'expropriation menée par l'aménageur public a abouti en 2022, après des contestations juridiques et des négociations avec des propriétaires. Le projet de reconstruction prévoit la réalisation d'un immeuble de 17 logements intermédiaires, contre les 38 logements précédents, la création de deux commerces et l'aménagement d'un cœur d'îlot végétalisé. Les travaux sont programmés pour s'achever d'ici 2030. Le coût estimé par logement est d'environ 220 000 euros, dont une part prise en charge par la collectivité (environ 140 000 euros par logement, avec le concours de l'Agence nationale de renouvellement urbain).
À l'échelle municipale, près de 1 000 logements ont été identifiés pour démolition en raison de leur vétusté, et des procédures pénales sont en cours contre des personnes soupçonnées d'activités de marchands de sommeil.
Observations générales
Les mesures de vigilance et les évolutions judiciaires présentées reflètent une politique de sécurité axée sur la prévention des passages à l'acte, l'adaptation des dispositifs pour les lieux publics à forte fréquentation et la prise en compte des évolutions de la radicalisation. Parallèlement, la reconversion urbaine d'un lieu lié aux événements de 2015 s'inscrit dans des actions de traitement de l'habitat indigne et de renouvellement urbain dans une commune confrontée à des problèmes de vétusté du parc immobilier.








