Résumé
Le groupe public Radio France et plusieurs médias appartenant à l'empire de Vincent Bolloré (dont CNews, Europe 1 et le Journal du dimanche) se sont engagés dans un échange public d'accusations de parti pris et de campagnes de déstabilisation. Le différend s'est cristallisé à la suite de la diffusion d'une vidéo mettant en scène deux journalistes publics et des responsables du Parti socialiste.
Déclencheur : la vidéo diffusée par L'Incorrect
Début septembre 2025, le média L'Incorrect a diffusé une séquence filmée en juillet montrant Thomas Legrand, chroniqueur à Libération et France Inter, et Patrick Cohen, intervenant sur France Inter et France 5, en discussion avec deux responsables du Parti socialiste. Dans l'extrait, Thomas Legrand déclare : « Nous, on fait ce qu'il faut pour (Rachida) Dati, Patrick (Cohen) et moi ». La diffusion de cette vidéo a provoqué des réactions politiques et médiatiques.
La séquence a entraîné des accusations de connivence avec le Parti socialiste, formulées par des représentants politiques issus notamment des Républicains, du Rassemblement national et de La France insoumise. En réaction, Patrick Cohen et Thomas Legrand ont, selon l'émission C à vous sur France 5, adressé une sommation par voie d'huissier pour obtenir les rushes de la vidéo, dénonçant une séquence « coupée à dix reprises ». Thomas Legrand a renoncé à son émission dominicale sur France Inter, tout en conservant des interventions à l'antenne.
Réactions publiques des directions et des médias
Du côté de Radio France, Vincent Meslet, directeur éditorial de France Inter, a déclaré au Parisien/Aujourd'hui en France qu'il faisait « face à un oligopole hostile » et a qualifié certains médias de « militants, d'obsessions ». Céline Pigalle, directrice de l'information de Radio France, a estimé dans les Échos qu'« jusqu'à 80 % du temps d'antenne » de CNews à certains moments avait été consacré à ce sujet. Sibyle Veil, présidente de Radio France, a adressé un message aux salariés qualifiant les actions ciblées de « campagne de déstabilisation » et défendant l'indépendance des antennes.
Vincent Meslet a également publié une tribune sur X où il affirme que « la France comprend des médias audiovisuels d'opinion au service d'un projet politique » et a accusé certains titres de nuire au pluralisme et à la pratique journalistique.
Parmi les médias liés à Vincent Bolloré, des prises de parole ont dénoncé les critiques. Pascal Praud, animateur sur CNews, a déclaré en ouvrant son émission : « Ces gens deviennent fous » et a qualifié Vincent Meslet « d'apparatchik du service public ». Sur CNews ont été diffusées des interventions politiques, notamment un discours du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, appelant à la privatisation de l'audiovisuel public et reprochant à ce dernier des « dérives militantes ». La matinale d'Europe 1 et des éditorialistes de ces médias ont également réagi aux propos de responsables de Radio France.
Procédures et suites institutionnelles
À la suite de la polémique, le régulateur de l'audiovisuel, l'Arcom, a programmé des auditions des présidentes de France Télévisions et de Radio France, Delphine Ernotte Cunci et Sibyle Veil. Ces auditions s'inscrivent dans le cadre des interrogations publiques et institutionnelles sur les pratiques éditoriales et la pluralité des médias.
Acteurs et enjeux déclarés
Les principaux acteurs cités dans les échanges sont : Radio France (Sibyle Veil, Vincent Meslet, Céline Pigalle), les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen, les médias du groupe Bolloré (CNews, Europe 1, Journal du dimanche) et des personnalités politiques ayant pris position. Les enjeux évoqués publiquement portent sur la liberté éditoriale, la pluralité des opinions dans l'audiovisuel, la séparation entre journalisme et engagement politique, et la régulation des médias.
Situation actuelle
Le conflit a pris la forme d'accusations publiques croisées et d'initiatives judiciaires et réglementaires (sommation pour obtenir les rushes, auditions par l'Arcom). Les acteurs continuent d'échanger des déclarations publiques et la situation fait l'objet d'un suivi institutionnel et médiatique. Aucune décision finale relative aux accusations de partialité n'a été indiquée dans les éléments rapportés à ce stade.