Introduction
L’été 2025 a été marqué par des vagues de chaleur d’une intensité et d’une durée inhabituelles dans plusieurs régions d’Europe. Ces conditions soulèvent des questions quant aux risques sanitaires liés à l’exposition prolongée à des températures élevées et aux impacts environnementaux, notamment l’augmentation des incendies de forêt en contexte de sécheresse.
Effets sanitaires des canicules prolongées
Les épisodes de canicule sont associés à une hausse des risques de coups de chaleur, de déshydratation et à l’aggravation de pathologies cardio‑vasculaires et respiratoires. Lors d’expositions prolongées, les effets ne sont pas toujours immédiats : des hospitalisations et des décès peuvent survenir plusieurs jours après l’apparition des premiers symptômes.
La canicule de 2003 en Europe, d’une durée de plus de deux semaines, reste un événement de référence, ayant entraîné plusieurs dizaines de milliers de décès. Néanmoins, la littérature scientifique demeure prudente quant à l’effet cumulatif de la durée des canicules. Une étude publiée en 2011 dans la revue Epidemiology, portant sur une centaine de vagues de chaleur aux États‑Unis, met en évidence un effet aggravant modéré au‑delà de quatre jours d’épisode. De nombreuses analyses indiquent toutefois que le risque est principalement corrélé à l’intensité quotidienne des températures plutôt qu’à la durée totale.
Intensité versus durée : état de la recherche
Les résultats scientifiques varient selon les territoires et les méthodologies. Certaines études suggèrent un effet d’accumulation sur la mortalité lorsque les épisodes se prolongent, tandis que d’autres n’identifient qu’un effet limité de la durée. Une revue publiée en 2018 dans Science of the Total Environment souligne cette hétérogénéité géographique et méthodologique, appelant à des définitions harmonisées des vagues de chaleur et à une meilleure prise en compte des facteurs de vulnérabilité (âge, comorbidités, urbanisation).
Impact sur le sommeil et la santé mentale
Des travaux récents mettent en évidence l’effet des températures nocturnes élevées sur la qualité du sommeil. Le rapport Lancet Countdown 2024 signale une association entre la hausse des températures nocturnes et la dégradation du sommeil, avec des répercussions sur la santé physique et mentale. L’accumulation de nuits chaudes compromet les capacités de récupération de l’organisme. Une synthèse parue en 2024 dans Sleep Medicine souligne la convergence de deux tendances — réchauffement et urbanisation — qui menacent la qualité du sommeil à l’échelle mondiale.
Conséquences environnementales : incendies de forêt
En parallèle des risques sanitaires, la chaleur et la sécheresse accrues favorisent la survenue d’incendies. En août 2025, plusieurs pays d’Europe méridionale ont connu des feux d’ampleur. En Grèce, près de 5 000 pompiers et 33 avions ont été mobilisés pour contenir des incendies attisés par des vents et des conditions chaudes et sèches. Des milliers de personnes ont été évacuées ; des habitations, des exploitations agricoles et des infrastructures ont été touchées. Des incendies ont également affecté le Portugal, l’Espagne, la France, l’Italie, les Balkans et la Turquie, dans un contexte de sécheresse sévère.
Outre les destructions matérielles, ces incendies ont entraîné des décès, des hospitalisations pour brûlures et inhalations de fumée, ainsi que d’importantes perturbations logistiques. En Espagne, plus de 99 000 hectares avaient été détruits depuis le début de l’année.
Conclusion
Les canicules prolongées comportent des risques directs et indirects pour la santé, incluant l’aggravation de maladies chroniques et la détérioration du sommeil. Les impacts environnementaux sont également significatifs, la chaleur et la sécheresse favorisant des incendies majeurs en Europe méridionale. Si l’effet cumulatif de la durée des épisodes fait l’objet de débats, l’importance de leur intensité et de leurs effets indirects sur la santé et l’environnement est confirmée par la littérature scientifique.