Le 7 décembre 2025, les autorités du Bénin ont déclaré avoir déjoué une tentative de coup d'État visant à renverser le président Patrice Talon. Des militaires sont intervenus sur la chaîne de télévision nationale en annonçant la destitution du président, puis les autorités gouvernementales ont déclaré le putsch avorté et le rétablissement de l'ordre.
Déroulement des faits
Selon les communiqués officiels et les déclarations publiques, des tirs ont été entendus près de la présidence dans la matinée. Des militaires ont investi la télévision nationale pour annoncer la destitution du chef de l'État, invoquant la « dégradation de la situation sécuritaire » et la remise en cause des « libertés fondamentales ».
Plusieurs heures après ces premières annonces, le ministre de l'Intérieur, Alassane Seidou, est apparu à la télévision nationale pour indiquer que la tentative de coup d'État avait été déjouée. Le président Patrice Talon a ensuite fait une brève intervention publique affirmant que la situation était « totalement sous contrôle », que la sécurité et l'ordre public seraient maintenus sur l'ensemble du territoire et que les responsables seraient poursuivis. Il a salué l'action de la garde républicaine à son arrivée au palais présidentiel.
Des sources militaires ont indiqué qu'une douzaine de soldats avaient été arrêtés. Le lieutenant-colonel Pascal Tigri a été cité comme l'un des principaux suspects; des éléments proches du dossier ont indiqué qu'il pourrait être en fuite, sans confirmation formelle.
Intervention militaire et déploiement ouest-africain
La présidence nigériane a communiqué avoir mené des frappes à Cotonou, à la demande du Bénin, pour déloger des putschistes installés dans la télévision nationale et dans un camp militaire où ils s'étaient regroupés. Abuja a indiqué que des forces nigérianes étaient présentes au sol au Bénin.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a annoncé le déploiement immédiat de troupes en provenance du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Côte d'Ivoire et du Ghana pour soutenir le gouvernement béninois et l'armée républicaine, ainsi que pour préserver l'ordre constitutionnel. La Force en attente de la Cedeao, chargée de garantir la paix et la stabilité régionale, a été mentionnée comme cadre de cette intervention; elle avait été déployée en 2017 en Gambie et son intervention avait été envisagée puis renoncée en 2023 après le coup d'État au Niger.
Réactions internationales et consignes
Le ministère français des Affaires étrangères a condamné la tentative de coup d'État et a appelé les ressortissants français au Bénin « à la plus grande prudence » et, dans un message ultérieur, à rester confinés en raison d'un « contexte à cette heure encore volatile ». Le secrétaire général des Nations unies a exprimé une préoccupation quant à une prise de pouvoir inconstitutionnelle, et l'Union africaine a condamné l'opération.
Contexte politique et sécuritaire
Patrice Talon est au pouvoir depuis 2016 et est arrivé en fin de second mandat, conformément à la Constitution, prochaine échéance présidentielle annoncée pour 2026. Le ministre des Finances, Romuald Wadagni, figure parmi les candidats évoqués pour la prochaine élection; des sources rapportent que le principal parti d'opposition a été écarté de la course. Le pays fait face, en outre, à des menaces jihadistes dans sa partie septentrionale et à un contexte régional marqué par plusieurs coups d'État récents dans des pays voisins, notamment au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en Guinée et en Guinée-Bissau.
Points en suspens
Plusieurs éléments restent à préciser: l'identité complète des organisateurs, le nombre exact de personnes interpellées et le statut de celles-ci, l'ampleur et la durée de la présence des forces étrangères sur le territoire béninois, ainsi que les conséquences sur le calendrier électoral et sur les procédures judiciaires en cours. Les autorités ont annoncé des enquêtes et des poursuites, sans autre calendrier communiqué publiquement.








