Faits principaux
Le 26 novembre 2025, des officiers basés au siège de l'état-major des armées à Bissau ont annoncé avoir pris le « contrôle total du pays ». Les militaires ont déclaré suspendre le processus électoral, fermer les frontières et instaurer un couvre-feu.
Chronologie des événements
Dimanche 23 novembre 2025 : la Guinée-Bissau a organisé un double scrutin présidentiel et législatif.
Mardi 25 novembre 2025 : les camps du président sortant Umaro Sissoco Embaló et du candidat Fernando Dias da Costa ont revendiqué chacun la victoire. Les résultats provisoires officiels étaient attendus jeudi.
Mercredi 26 novembre 2025 : des tirs ont été entendus aux abords du palais présidentiel à la mi-journée. Des militaires ont investi l'artère principale menant au palais et des civils ont quitté la zone.
En début d'après-midi, le général Denis N'Canha, présenté comme chef de la maison militaire de la présidence, a annoncé la formation d'un « Haut commandement pour la restauration de l'ordre, composé de toutes les branches de l'armée », qui prendrait la direction du pays « jusqu'à nouvel ordre ».
Mesures annoncées par les forces armées
Les militaires ont déclaré avoir suspendu l'ensemble du processus électoral, fermé les frontières terrestres, aériennes et maritimes, instauré un couvre-feu et pris le contrôle des grandes artères de la capitale. Ils ont évoqué la découverte d'un "plan visant à déstabiliser le pays" et prétendu que des armes auraient été introduites sur le territoire.
Arrestations et situation des acteurs politiques
Plusieurs personnalités politiques et responsables de l'État ont été interpellés. Un officier a indiqué que le président Umaro Sissoco Embaló était détenu « en prison à l'état-major » et était "bien traité". Des sources militaires ont aussi évoqué l'arrestation du chef d'état-major et du ministre de l'Intérieur.
Le dirigeant du PAIGC, Domingos Simões Pereira, a été signalé comme arrêté par des proches. La situation du candidat Fernando Dias da Costa n'était pas confirmée de manière indépendante au moment des annonces. La Commission nationale des élections (CNE) a été, selon des responsables, la cible d'une attaque par des hommes armés non identifiés.
Réactions nationales et internationales
Les missions d'observation de l'Union africaine et de la CEDEAO, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, ainsi que le Forum des sages de l'Afrique de l'Ouest ont exprimé leur préoccupation et qualifié l'opération de tentative de perturber le processus démocratique. Le secrétaire général des Nations unies a déclaré suivre la situation avec « profonde préoccupation » et a appelé au respect de l'État de droit. Le Portugal a demandé le calme et la reprise du processus électoral.
Des forces de sécurité, incluant environ 6 700 membres et des éléments de la force de stabilisation de la CEDEAO, avaient été déployées pour sécuriser le scrutin et la période post-électorale.
Contexte
La Guinée-Bissau, État côtier d'Afrique de l'Ouest indépendant depuis 1974, a connu plusieurs ruptures du pouvoir civil, dont quatre coups d'État avérés et de nombreuses tentatives de putsch. Les résultats électoraux ont souvent été contestés, notamment après la présidentielle de 2019.
Le scrutin de 2025 s'est déroulé sans la participation effective du principal parti d'opposition, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), dont le dirigeant a été exclu du vote pour motif de dépôt tardif de dossier, exclusion que l'opposition a qualifiée de manipulation. Le Parlement avait été dissous en décembre 2023 et le président gouvernait par ordonnances.
Sur le plan socio-économique, la Guinée-Bissau compte environ 2,2 millions d'habitants, avec près de 40 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Le pays est régulièrement cité comme plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe, un facteur fréquemment associé à son instabilité politique.
Situation au moment de la déclaration
Après l'annonce du "Haut commandement" le 26 novembre 2025, les autorités militaires ont appelé la population au calme. Les rues de Bissau ont été décrites comme désertes en début de couvre-feu. Les conséquences à moyen terme sur l'organisation des élections et sur la situation institutionnelle dépendront des décisions des autorités locales et des réactions des acteurs régionaux et internationaux.








