Contexte et déclenchement
Depuis le 25 septembre, des manifestations ont eu lieu à Madagascar, initialement déclenchées par des coupures d'eau et d'électricité, puis élargies à des revendications politiques. Les premières semaines de mobilisation ont été marquées par des heurts entre manifestants et forces de l'ordre, entraînant des morts et des blessés.
Départ d'Andry Rajoelina
Andry Rajoelina a quitté le pays entre le 11 et le 12 octobre, selon un communiqué de son entourage, évoquant des « menaces explicites et extrêmement graves » visant sa vie. Avant cette confirmation, il avait indiqué s'être placé dans un « lieu sûr ».
Prise de pouvoir par l'unité CAPSAT et investiture annoncée
Des éléments de l'unité CAPSAT (Corps d'Armée des Personnels et des Services Administratifs et Techniques) se sont ralliés aux manifestants. Le colonel Michaël Randrianirina, lié à cette unité, a annoncé que ses éléments prenaient le pouvoir et que la Haute Cour constitutionnelle l'avait invité à exercer les fonctions de chef de l'État en l'absence du président.
Le colonel Randrianirina a nié qu'il s'agisse d'un coup d'État, présentant la prise de pouvoir comme une « prise de responsabilité ». Il a annoncé la constitution d'un comité d'officiers chargé de superviser une refonte institutionnelle et envisagé l'organisation d'élections dans un délai de 18–24 mois, jugeant irréaliste le calendrier de 60 jours proposé par certains acteurs.
Mesures institutionnelles et position de l'Assemblée nationale
L'Assemblée nationale a voté la destitution d'Andry Rajoelina. Plusieurs institutions ont été suspendues ou réorganisées, des décisions qui ont ensuite été partiellement ajustées après des interventions de la Haute Cour constitutionnelle.
Réactions nationales
Le collectif Gen Z, à l'origine d'une partie des manifestations, a salué l'intervention de forces ralliées au mouvement. Des responsables politiques et des représentants civils et militaires ont entamé des échanges publics autour du processus de transition.
Réactions internationales
L'Union africaine a suspendu Madagascar de ses instances et demandé le rétablissement de l'ordre constitutionnel, l'instauration d'un gouvernement de transition civil et l'organisation d'élections. Le secrétaire général des Nations unies a exprimé sa vive préoccupation, et plusieurs acteurs internationaux ont appelé au respect des libertés fondamentales et de l'État de droit. Des organisations régionales ont proposé un accompagnement pour faciliter un dialogue national.
Bilan humain et contexte socio-économique
Selon un bilan rendu public par des organisations internationales, les manifestations ont causé plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés depuis leur déclenchement. Madagascar reste confronté à des défis socio-économiques importants, une part notable de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.
Parcours du colonel Michaël Randrianirina
Michaël Randrianirina, âgé d'environ 51 ans, a exercé des responsabilités militaires et administratives, dont un poste de gouverneur de district dans le sud du pays. Il a été arrêté en 2023 puis condamné en 2024 pour des faits liés à la sûreté de l'État, avant de réintégrer progressivement des fonctions au sein de l'armée.
Perspectives
Les autorités militaires annoncent une transition accompagnée d'une restructuration institutionnelle et d'un calendrier électoral différé. L'Union africaine a conditionné la levée de la suspension au rétablissement de l'ordre constitutionnel et à l'organisation d'un processus de transition conforme aux normes régionales. La situation reste susceptible d'évolutions rapides à court terme.