Contexte
Des manifestations se sont intensifiées au Pérou depuis plusieurs semaines en réaction à une vague d'extorsions et d'assassinats imputés au crime organisé. Cette crise sécuritaire a été avancée comme l'un des facteurs ayant conduit à la destitution de la présidente Dina Boluarte et à la prise de fonctions du président par intérim José Jeri, président du Parlement, qui assure l'intérim jusqu'en juillet 2026.
Mobilisation et revendications
Des milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes, notamment Lima, Arequipa, Cuzco et Puno, pour protester contre l'insécurité, les extorsions et les assassinats. Une partie du mouvement de jeunesse dite « Gen Z » a participé aux rassemblements en adoptant le drapeau du manga One Piece comme signe d'identification. Des collectifs d'artistes et certains services de transport public ont également appelé à la mobilisation.
Déroulement des heurts à Lima
Dans la nuit du 15 au 16 octobre 2025, des heurts ont opposé des manifestants et les forces de l'ordre à Lima. Des témoins et des journalistes ont rapporté que certains manifestants ont tenté de faire tomber des barrières installées devant le siège du Parlement. Des groupes ont lancé des projectiles et des feux d'artifice en direction des policiers. Les forces de l'ordre ont procédé à des dispersions au moyen de gaz lacrymogène et d'interventions physiques avec boucliers et matraques.
Bilan des violences
Le président par intérim José Jeri a annoncé sur le réseau social X la mort d'un homme, identifié comme Eduardo Ruiz Sanz, 32 ans. La Coordination nationale des droits humains a indiqué que la victime aurait été touchée par un tir susceptible de provenir d'un policier en civil. Selon un bilan diffusé par le Défenseur des droits, 102 personnes se sont présentées aux services d'urgence après les incidents, dont 24 civils et 78 policiers. Les autorités et des sources indépendantes estiment que, dans l'ensemble des manifestations récentes, le nombre total de blessés atteint au moins 176, comprenant manifestants, policiers et journalistes.
Réactions des autorités
Le président par intérim a dénoncé l'infiltration des manifestations par des personnes qualifiées de délinquants et annoncé des arrestations ainsi que l'utilisation d'images de vidéosurveillance pour identifier des auteurs d'actes de violence. Il a souligné que l'expression citoyenne dans la rue est un droit mais a affirmé que la violence ne serait pas tolérée et que la loi s'appliquerait aux responsables.
Participation de mouvements et enjeux sociétaux
Des organisations féministes ont participé aux cortèges, exprimant leur opposition au président par intérim en lien avec une plainte pour viol classée sans suite par le parquet en août. Des militantes ont déployé un grand drapeau portant un slogan contre José Jeri. Les manifestations s'inscrivent dans un contexte de tensions sociales et de préoccupations croissantes sur la sécurité publique, notamment après des signalements d'extorsions et d'attaques visant des chauffeurs de bus.
Poursuites et enquêtes
Les autorités ont indiqué poursuivre les enquêtes sur les faits survenus lors des rassemblements et sur les événements qui ont conduit à la mort et aux blessures. Des enquêtes indépendantes et des organisations de défense des droits humains ont appelé à la transparence et au respect des procédures d'investigation.