Présentation
Le terme "cyberciruja" désigne un collectif argentin qui récupère et réutilise des déchets électroniques. Le groupe combine des actions de réparation, de réemploi et d'expérimentation technologique, et privilégie l'utilisation de logiciels libres pour remettre en service des appareils ou développer des dispositifs à partir de composants récupérés.
Contexte et enjeux
Selon un rapport de l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) publié en 2024, l'Argentine produit environ 520 000 tonnes de déchets électroniques par an, classement qui la place au cinquième rang des pays des Amériques pour ce type de déchets, derrière les États-Unis, le Brésil, le Mexique et le Canada. Le même rapport indique qu'en 2022 le monde a généré 62 millions de tonnes de déchets électroniques.
Origines et évolution
Les initiatives à l'origine du collectif ont commencé par des événements d'échange de matériel informatique organisés en 2019. Le collectif s'est constitué officiellement en 2021 et a développé son organisation pendant la période de la pandémie, quand une partie de la population a dû se doter d'équipements informatiques pour le travail et les études à distance. Le groupe organise des rencontres annuelles, dont une troisième édition tenue à Buenos Aires à la mi-août, qui a inclus des ateliers axés sur la prolongation de la durée de vie des appareils.
Organisation et identité
Le nom se réfère au mot argentin "ciruja", qui désigne une personne récupérant des objets dans les détritus pour les revendre ou les réutiliser. Le collectif s'organise en groupes locaux parfois appelés "cellules" et adopte des références visuelles et rhétoriques inspirées d'images révolutionnaires dans certains de ses supports de communication. Il se présente comme combinant des dimensions solidaire, politique-technique et ludique.
Activités et méthodes
Les activités comprennent la récupération d'ordinateurs et d'autres équipements offerts par des particuliers, la remise en état de ces appareils à l'aide de logiciels libres, et la distribution de matériel fonctionnel à des personnes ou organisations en situation de besoin. Le collectif réalise également des expérimentations techniques consistant à assembler de nouvelles fonctionnalités à partir de composants récupérés, comme la fabrication de consoles de jeu, d'appareils photo ou de robots pédagogiques.
Un membre identifié par le pseudonyme Uctumi (Esteban Palladino) décrit ces pratiques comme des expérimentations visant à réutiliser des éléments que d'autres margineraient. Parmi les participants figurent des ingénieurs électroniques qui développent des kits éducatifs à partir de composants usagés, présentés comme des "roboticlajes".
Utilisation de logiciels libres et applications spécifiques
Le collectif met l'accent sur l'emploi de logiciels libres pour prolonger la compatibilité et la durée de vie des appareils, notamment lors d'ateliers destinés à contourner l'obsolescence liée aux mises à jour logicielles. Un exemple signalé implique l'utilisation d'une application libre permettant à un capteur de glycémie de communiquer avec un téléphone, cas présenté par un exposant en lien avec un besoin médical personnel.
Objectifs et portée
Les objectifs déclarés du collectif incluent la réduction des déchets électroniques par la réutilisation, l'amélioration de l'accès aux technologies pour des publics en situation de précarité, et la promotion de pratiques technologiques ouvertes et réparables. Les actions combinent dimension technique, formation et distribution de matériel reconditionné.
Références chiffrées
- Production de déchets électroniques en Argentine : environ 520 000 tonnes par an (UNITAR, rapport 2024).
- Production mondiale de déchets électroniques : 62 millions de tonnes en 2022 (UNITAR, rapport 2024).
Limitations et information disponible
Les éléments présentés résultent principalement de déclarations du collectif et d'un reportage couvrant ses activités. Les chiffres nationaux et mondiaux proviennent du rapport UNITAR 2024 cité par les sources disponibles. L'analyse ne comporte pas d'évaluation indépendante de l'impact environnemental ou social des activités du collectif en dehors des éléments rapportés par ses membres et par le reportage.