Contexte
La Commission pontificale pour la protection des mineurs a publié son deuxième rapport annuel le 16 octobre 2025. Le document, long de 103 pages, a été présenté en septembre 2025 au pape Léon XIV. Créée en 2014 par le pape François, la commission a été intégrée en 2022 à la Curie romaine. Le premier rapport annuel avait été rendu public en 2024.
Contributions des victimes
Quarante personnes se déclarant victimes de violences sexuelles ont participé à l'élaboration du rapport. Plusieurs d'entre elles indiquent avoir subi des pressions ou des représailles institutionnelles après avoir signalé des faits. Le rapport relève aussi des conséquences pour l'entourage de certains plaignants.
Principales constatations
Le rapport identifie des lacunes dans l'accompagnement des victimes au sein de l'Église catholique :
- des mesures de représailles ou des conséquences institutionnelles à l'encontre de plaignants ou de leurs proches ;
- des insuffisances dans l'écoute, le suivi et la prise en charge psychologique des victimes ;
- un manque de transparence et une lenteur persistante dans les procédures ;
- une « résistance culturelle » dans certains diocèses, qui entrave l'application des mesures de prévention et de prise en charge ;
- de fortes disparités régionales dans la réponse institutionnelle, notamment en Italie (81 diocèses ont répondu sur 226 dans une enquête interne).
Recommandations
La commission formule plusieurs recommandations pour améliorer la prise en charge des victimes :
- garantir des réparations, y compris financières, et un soutien psychologique aux personnes concernées ;
- présenter des excuses publiques lorsque cela est approprié ;
- publier les motifs des révocations de ministères lors du retrait d'un clerc de ses fonctions ;
- utiliser le rapport pour identifier et corriger des lacunes systémiques.
Réactions et limites institutionnelles
Des organisations externes ont réagi au rapport. Le groupe BishopAccountability a salué la publication tout en rappelant que la commission n'a pas le pouvoir de retirer elle‑même des ministères. Des associations de victimes ont fait part de leurs préoccupations quant à la persistance de pratiques protégeant le clergé.
Au sein de la commission, Mgr Luis Manuel Alí Herrera a déclaré que plusieurs victimes ne se sentent pas suffisamment écoutées ni accompagnées. L'archevêque Thibault Verny a présenté le rapport comme un outil visant à corriger des « lacunes systémiques persistantes » et a insisté sur la nécessité d'éviter une posture défensive institutionnelle.
Le rapport rappelle en outre que le secret de la confession demeure, et que, sauf dispositions légales contraires dans certains États, le clergé n'est pas formellement tenu de signaler à la justice civile les crimes révélés dans ce cadre.
Historique et cadre de la commission
Instituée au début du pontificat du pape François en 2014, la commission réunit des experts religieux et laïcs (droit, éducation, psychologie). En 2022, face à des critiques sur son fonctionnement et à la démission de plusieurs membres, elle a été intégrée à la Curie romaine. Le rapport présenté en septembre 2025 a été transmis au pape Léon XIV après son élection.
Conclusion
Le rapport met en lumière des insuffisances persistantes dans l'accompagnement des victimes et propose des mesures concrètes — réparations, soutien psychologique, transparence — destinées à améliorer la prise en charge et à corriger des dysfonctionnements systémiques au sein de l'institution.